• « CETTE TRIBUNE RÉHABILITE UN ORDRE SOCIAL À L’ANCIENNE »
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    Depuis les années 1970, les luttes contre le sexisme se situent dans la continuité de celles pour l’émancipation sexuelle : lutter pour disposer librement de son corps implique de s’attaquer aux pratiques de violence, de coercition, de domination qui entravent cette liberté. Nombre d’associations féministes « prosexe » sont d’ailleurs présentes dans les combats contre les violences et le harcèlement sexuel. Défendre, à l’inverse, une « liberté d’importuner » pour les hommes — soit la liberté d’entraver la liberté d’autrui — n’a vraiment rien de subversif.

    Cela ressemble plutôt à une réhabilitation d’un ordre social à l’ancienne où les rencontres amoureuses, érotiques et sexuelles prennent la chasse pour modèle. L’affirmation selon laquelle « la pulsion sexuelle » serait « par nature offensive et sauvage » semble d’ailleurs plutôt anachronique, après cinquante ans de travaux historiques, sociologiques et anthropologiques sur la sexualité. Maintes enquêtes montrent qu’importuner les femmes constitue avant tout un rituel social par lequel des garçons et des hommes apprennent à affirmer et accomplir une forme de virilité définie par opposition à une féminité dévaluée. Quand il devient visible que de plus en plus de filles et de femmes résistent à cette partition des rôles, il n’est pas étonnant que surgissent des contre-offensives.