Rémi Gendarme

Auteur-réalisateur de films documentaires et par ailleurs, mais vraiment ailleurs, on peut dire en plus, en tout cas pas en moins porteur d’un handicap.

    • Il y avait un we promotionnel il y a pas longtemps. Je me suis régalée.
      on en parle un peu ici : https://seenthis.net/messages/657532
      et là : https://seenthis.net/messages/651611

      J’avais découvert Judith Bernard via ASI quant il y avait encore la TV et j’ai toujours trouvé interessant ce qu’elle faisait à l’époque. Avec Pierre Carles (découvert via rezo) et le sexisme de Shnedeirmann (qui m’enervait depuis longtemps) et aussi du mec pseudo scientifique dont j’ai oublié le nom, j’ai pas continué à suivre quant illes ont poursuivi sur le web. Mais dans Hors-série il m’a pas semblé y avoir Shneiderman, et j’ai bien aimé. Les 30€ annuels me semble bien dépensés vu la qualité des émissions.
      Les trois « dans le myth » Anonymous-cyborg et sorcières sont passionnant. La laideur féminine, l’emission avec G.Sellier a voire aussi. J’en ai stocké quelques unes que je compte écouté en dessinant probablement la semaine prochaine. J’ai téléchargé que le son car j’ai surtout pris des entretiens Lordon, celui sur la misarchie, les prédateurs au pouvoir, une sur les chants inuits (qui devrait intéressé @simplicissimus aussi) et d’autres que j’ai pas en tête ...

    • De ce que Judith Bernard m’a raconté, elle travaillait pour ASI version web après le mouvement des instits où elle s’est fait connaître. C’est suite à des divergences politiques (exactement, toujours d’après ce qu’elle m’a expliqué, une histoire de prise de position explicite ou non) que Bernard et Shneiderman ont décidé de la formule suivante : ASI héberge et produit HS. Ils sont indépendants mais hébergés et produits.

    • A propos de G. Sellier @mad_meg . Tout ce qu’elle raconte sur les politiques publiques du CNC et de la Cinémathèque est passionnant. Et puis Laura Raim l’invite à parler de cinéma. Et là mes roues en sont tombées. C’est très bizarre et assez affligeant. D’ailleurs je conseille vivement les premiers commentaires de cette émission avec des personnes qui visiblement pensent et parlent un peu mieux que moi... Mais alors ? Ne peut-on vraiment pas du tout penser le cinéma comme un objet un petit peu indépendant de ceux et celles qui l’ont fabriqué ? Et pareil : pour moi entre un personnage, un ou une auteur, et enfin le film lui-même ne peut-on pas imaginer une distance. Bon merde ça m’énerve excusez-moi

    • Elle dit qu’elle est en réaction à l’habitude française qui exclue tout débat sur le fond et réduit les films à des questions formelles. Je sais que sur ca on est souvent en désaccord. Les œuvres ne sortent pas du néant, elles sont d’une certaine époque, d’une certaine origine culturelle... Pourquoi est ce qu’on ne pourrait pas mettre en relation l’auteur et ou il se situe. Surtout dans le ciné dit d’auteur. Le contexte socio-culturel de la création des films je ne trouve pas réducteur de le connaitre et d’en discuter. Tu ne reçoit pas un film hong-kongais de la meme manière qu’un film suédois et un auteur pedophile ou/et violeur ca donnt un contexte a son discours qu’on peu vouloir prendre en consideration sur l’appreciation de son discours artistique.

    • « Je sais que sur ca on est souvent en désaccord. »
      Il ne me semble pas que ce soit figé, en tout cas pas de mon côté.
      Moi ce qui me gêne vraiment, notamment dans le site https://www.lecinemaestpolitique.fr, c’est la tendance systématique à jeter aux ordures un film sur le simple constat de ce qui s’y passe. Ainsi que le raccourci personnage mauvais=discours mauvais=film mauvais. Il me semble que les auteurs ne sont pas si con·ne·s que ça.

    • Si je pensait que changer d’avis est exclue (de ta part et de la mienne) je prendrait pas la peine de discuter.

      Par rapport au site le cinéma est politique, le critère d’évaluation du ciné par les membres du site est la politique. En fait le ciné est plutot un prétexte à parler de féminisme, homophobie, racisme, transphobie, classes sociales... et de se servir du ciné comme un réservoir d’exemple de stéréotypes. C’est dans cet esprit que j’ai écrit un article là bas il y a quelques années. Ca me semble logique que les membre du site déconseillent les films qui ne sont pas satisfaisant sur le critère du discours tenu vu que c’est le critère du site. C’est un peu comme si il y avait un site « le cinéma est lumière » et que tu reprochait aux membres du site de se servir de la lumière comme critère pour évalué le cinéma et de pas s’interessé aux autres aspects des films. Si l’éclairage est mauvais, le site « le cinéma est lumière » déconseillera le film, et cela même si le montage est excellent et les acteurices époustoufflant·es. C’est la même chose que pour Sellier, comme elle l’explique le discours sur ce que racontent les films à été méprisé dans la critique ciné française pendant des années. C’est toujours pas fini d’ailleurs vu que les personnes qui s’intéressent à ce que disent les films, et pas à comment ils le disent, sont toujours facilement traité de con·nes. Ca me semble important, utile et bienvenu d’analysé le discours tenu par les films produits par Weinstein, de démonté le racisme des comédies françaises, d’analysé la culture du viol dans star war... Des critiques sur le génie grandios de Star war c’est pas ce qui manque, par contre de la critique politique on en trouve que depuis peu de temps.

      Par rapport aux gens du site le cinéma est politique que j’ai rencontré pour la plus part, illes ont des films qu’ils apprécient malgré le fait que politiquement ca leur déplaise. De mon coté ca m’arrive aussi, mais j’avoue qu’un film qui me dit des trucs misogynes, racistes, homophobes... ca me gâche le plaisir.

      J’ai pas mal édité ce message car je l’ai écrit un peu précipitamment tout à l’heur, j’espère que ca te pose pas de problème.

    • Non @mad_meg aucun problème. Plusieurs remarques viennent toutefois à mon esprit...
      Si un·e personnage, principal·e ou pas, a un comportement que les membres du site désapprouvent, j’ai souvent l’impression qu’aucune problématique n’est posée sur la distance possible entre le film et ce personnage. Cela me parait grave et susceptible de détériorer complètement la renommée du site. Bien sur, ce n’est pas le cas pour tous les articles mais certains, dans ce sens, m’ont bien semblé complètement à côté de la plaque. Rien n’est simple lorsqu’on affirme « le film dit... ». Il faut attraper ça avec des pincettes, et précisément, pour tenter de trouver un discours critique fertile. Ou alors (et c’est possible) on affirme haut et fort que compte tenu du monde audiovisuel actuel tout films contenant des violences sexistes est politiquement à bannir grâce au raccourci viol dans un film=film qui promeut la culture du viol.
      Et biensur, certains autres articles m’ont semblé tout à fait originaux et moralement/politiquement salvateurs (l’article sur Death Proof, ...).

      Je finis sur ton exemple le cinéma est politique et le cinéma est lumière. Cela me semble tout différent. Je ne crois pas qu’on puisse parler d’un film autrement que sur un plan politique. On peut bien sur aimer un film pour d’autres raisons que le supposé discours politique du film. Evidemment. Mais c’est comme si, dans un film tout était politique. De l’intérieur du film, ce qui s’y passe, narrativement mais aussi techniquement, et aussi de l’extérieur, quel système, quelle époque, l’accouche. On peut aussi l’apprécier pour d’autres raisons certes. Mais alors, que dirais « le cinéma est lumière » d’un film pornographique de vidéo club ? Non non... je crois que le politique chapeaute tout autre critère.

    • J’ai écrit ça sur LCEP à propos de La Leçon de piano :
      Compte tenu de la date de cet article et des nombreux commentaires qui y ont fait suite, il est un peu vain d’en faire quelque chose. Toutefois essayons.

      Julie G je ne me permettrai aucun reproche à votre analyse.
      Je me permettrai toutefois de vous proposer une autre grille de lecture, un autre point de vue. Je vois bien en effet votre volonté de prendre ce film comme un creuset à partir duquel vous élargissez votre propos à tout un ensemble de films et plus généralement de médias. Ainsi votre article fait fi de la date de production du film, du reste de l’œuvre de sa réalisatrice ainsi que de son mode de production. C’est un choix très clair qui vous permet, entre autre, de mettre les points sur les « i » en notant les violences dont l’héroïne est victime.

      Je crois que c’est tout le travail de Jane Champion que de prendre le point de vue de ses personnages féminins pour étudier, le plus précisément possible la manière qu’elles ont de résister à un monde qui les écrase et les détruit. C’est d’ailleurs d’après moi toute la richesse du cinéma que de pouvoir mettre en scène des personnages mauvais (raciste, misogyne, fasciste, ...), des personnages qui dégoûtent, en les rendant donc plus humains mais sans faire l’éloge de leurs méfaits.
      Pour La Leçon de piano, Jane Campignon me semble s’attacher à décrire les nuances de ce personnage trouble qui, en effet, finira par trouver une source de liberté dans le personnage joué par Harvey Keitel. Je ne crois pas qu’elle en fait une règle absolue : oppresse ou viole ton égérie elle finira par t’aimer. Je repense aussi à la scène d’un érotisme fou (chacun sa sensibilité) du trou dans la chaussette. Justement, il me semble que cette scène est absolument rare dans le cinéma mainstream et d’autant plus dans le cinéma primé à Cannes. Vous parlez de la sacro sainte pénétration je crois pourtant que personne d’autre que Jane Camion n’a su dans le cinéma explorer autant les questions de désir féminin.

      Enfin, vous citez d’autres œuvres cinématographiques ou télévisuelles où des femmes ont eu une place importante, scénaristes, réalisatrices... Tout les cas que vous citez sont les produits de système extrêmement rigoureux en terme de production (studio hollywoodien, major, chaîne de télé,...). Depuis ses débuts Jane Campion a pris soin de son indépendance (au début...) pour explorer les thématiques qui lui tenait à cœur.

    • J’avais pas eu le temps de te répondre la dernière fois et merci à toi de relancé la discutions avec un exemple précis. C’est justement ce que j’allais te demandé pour discuter plus concrètement. Comme j’ai vu la leçon de piano une seule fois et il y a longtemps et que je connais mal la filmographie de Campion (j’ai beaucoup apprécié sa série Top of the lake), que je me souviens pas du texte de Julie G, il faut que je me rafraîchisse la mémoire. Je révise et je te répondre la semaine prochaine.

      Par rapport à cette phrase :

      Ou alors (et c’est possible) on affirme haut et fort que compte tenu du monde audiovisuel actuel tout films contenant des violences sexistes est politiquement à bannir grâce au raccourci viol dans un film=film qui promeut la culture du viol.

      Avec ce genre de phrase j’ai pas l’impression que tu comprenne ce qu’est la culture du viol. Le site ne préconise pas le bannissement de films. Les films sont des supports à discutions sur les stéréotypes culturels, le cinéma est choisi pour son coté industriel (plus de critique des Disney, Batman que de Campion).

      Par rapport à Campion la possiblilité qu’une scène d’un de ses films vehicule des clichés sur le viol ne met pas en cause ni la qualité du film en question ni l’independance de Campion. Je voie pas comment on peu se prétendre immunisé contre le patriarcat et je pense que c’est interessant d’avoir des interrogations y compris vis à vis des réalisatrices et du ciné indé. Mais peut être que il n’y a rien de problématique vis à vis de la culture du viol dans la leçon de piano comme tu le dit, là dessus je te répond dans quelques jours.

    • Je reviens après la lecture de l’article de Julie G sur La leçon de piano.
      Je reprend ton commentaire pour y répondre précisément.

      Pour La Leçon de piano, Jane Campignon me semble s’attacher à décrire les nuances de ce personnage trouble qui, en effet, finira par trouver une source de liberté dans le personnage joué par Harvey Keitel. Je ne crois pas qu’elle en fait une règle absolue : oppresse ou viole ton égérie elle finira par t’aimer.

      Julie G ne prétend pas que Campion fasse une règle absolue de ce stéréotype. Julie G dit que Campion utilise se stéréotype sans s’en rendre compte et ne le dépasse pas, elle le valide dans son scénario. Le fait que Harvey Keitel soit un agresseur sexuel est atténué et les exemples d’inversion de culpabilité propre à la culture du viol sont bien présents.

      Je repense aussi à la scène d’un érotisme fou (chacun sa sensibilité) du trou dans la chaussette. Justement, il me semble que cette scène est absolument rare dans le cinéma mainstream et d’autant plus dans le cinéma primé à Cannes. Vous parlez de la sacro sainte pénétration je crois pourtant que personne d’autre que Jane Camion n’a su dans le cinéma explorer autant les questions de désir féminin.

      Oui mais l’article ne parle que de la leçon de piano et prend la peine de dire que le film est beau et que l’oeuvre de Camprion est féministe. Le fait qu’il y ai des scènes qui explore un érotisme différent dans ce film ou dans d’autres de Campion, ne change pas la pértinance des remarques faites par Julie G sur les scènes qui lui ont posé problème.

      Par rapport à l’époque, c’était pas tourné au XIXeme, et le féminisme existe depuis deux siècles. Meme si c’était une oeuvre de jeunesse, ca ne change pas que les stéréotypes : « elle est devenu amoureuse de son agresseur » et « les agresseurs sont en fait de grands amoureux » sont présents dans se film et qu’on en avait jamais parlé. En parlé comme le fait Julie G ne fait pas de la leçon de piano un film à bannir, ni un mauvais film. C’est juste qu’il est important et utile de bien comprendre que les clichés de « elle est devenu amoureuse de son agresseur » et « les agresseurs sont en fait de grands amoureux » sont très commun, y compris dans le ciné d’auteurices, y compris dans le ciné réalisé par des femmes, y compris dans le ciné réalisé par des femmes féministes.

      Du coup je comprend pas ce que tu reproche ici à Julie G. Elle ne dit pas que le film est à bannir, elle ne dit pas que Campion est une mauvaise féministe ou qu’elle n’aurait pas d’indépendance. C’est très bien que Campion soit indépendante, mais c’est pas le sujet. Le sujet c’est la culture du viol et aussi la culture colonial (cf la partie sur les maoris) qui est insidieuse au point qu’on la trouve là ou on aurait pas cru la trouvé.

    • Je te conseil ces textes
      https://womenandfiction.blog/2016/03/31/un-viol-disparait-zone-grise-et-mere-coupable

      L’utilisation de ce vocabulaire anachronique a des limites, mais pour moi, il s’agit d’un préalable nécessaire à toute étude, pour éviter de reconduire la culture du viol sans regard critique, pour éviter de présenter les violences sexuelles comme normales : à partir du moment où les bons mots sont utilisés, on peut contextualiser, proposer des nuances, mettre en valeur le traitement des violences sexuelles spécifique à la trilogie (très riche et surtout contradictoire chez Beaumarchais, entre analyse des rapports sociaux de pouvoir et naturalisation des violences).

      –----
      Laclos, Casanova et la culture du viol, ou du danger de fétichiser le XVIIIe siècle
      http://imaristo.hypotheses.org/166

      Je passe sur la déconstruction de cette théorie et de ses conséquences politiques[8] pour me concentrer plutôt sur son sous-bassement épistémologique : une vision tronquée et partielle de la littérature et de la culture du XVIIIe siècle, au service d’une thèse idéologique de type réactionnaire. Ce que je veux défendre ici, c’est l’idée qu’une attention portée à ce que la pensée féministe appelle, depuis les années 1970, la « culture du viol » (soit, suivant une définition minimale, un ensemble de discours et de représentations qui tendent à minimiser, tolérer, voire même excuser ou encourager le viol des femmes) non seulement n’est pas une lecture a priori anachronique de la littérature du XVIIIe siècle, mais pourrait même rendre compte de la réalité de la présence du viol dans ces textes de manière beaucoup plus satisfaisante, et nous permettre de mieux saisir la puissance critique et libératoire de certains d’entre eux, à l’image de cette page des Liaisons dangereuses avec laquelle j’ai commencé ce billet.