• Les Mythes d’origine de la mort.
    https://tempspresents.com/2018/01/17/les-mythes-dorigine-de-la-mort

    Les mythes d’origine de la mort évoquent généralement un temps où régnait d’abord l’immortalité, sinon la possibilité de résurrection, et rapportent l’événement fondateur qui modifia cette situation et fut à l’origine de la vie brève. Hormis cette base commune, ils diffèrent grandement selon les régions, voire au sein d’une même communauté, et divers types de récits coexistent sur chaque continent. On dit parfois que la mort terrestre est suivie d’une autre : aux îles Belep, en Nouvelle-Calédonie, le Gardien du monde des morts, qui se nomme Tea Univac, frappe les arrivants de sa sagaie et leur donne ainsi la vraie mort ; ceux qui évitent le coup ne sont pas vraiment défunts et reviennent parmi les vivants ; de même, en Afrique, des mythes recueillis chez les Fang affirment, comme le faisaient déjà ceux des anciens Égyptiens, qu’on ne peut mourir pour de bon qu’une fois dans l’autre-monde.

    La rupture qui introduisit la mort peut être le premier meurtre, une erreur, un accident, ou l’exigence d’un contre-don en échange du gibier, des plantes cultivées ou du feu, comme chez les Darasa de la Corne de l’Afrique. Selon un récit Kono (Afrique de l’Ouest) toute l’humanité descend de la fille unique de Hâ, personnification de la mort qui l’a donnée comme épouse à Ala Tangana ; en retour, étant devenue sans enfants, Hâ exigea d’Ala Tangana de lui donner un des siens à chaque fois qu’elle en aurait envie, et depuis lors «  les enfants paient de leur vie le prix de leur mère  ».

    En Afrique, pourquoi meurt-on ? Essai sur l’histoire d’un mythe africain.
    http://journals.openedition.org/afriques/1717

    Parmi les mythes d’origine de la mort, celui du message perverti présente en Afrique une répartition très particulière. Son aréologie et l’étude de ses mythèmes à l’aide d’outils phylogénétiques montrent que sa variante la plus archaïque, à un seul messager, est enracinée dans l’aire khoisane. Selon ce récit, Lune mandate Lièvre pour porter à l’humanité un message de vie. Lièvre modifie le message, ce qui introduit la mort chez les hommes, qui depuis lors le haïssent ; en punition, Lièvre est frappé et en garde la lèvre fendue. Ce type primitif fut ultérieurement modifié par l’introduction d’un second messager animal rivalisant avec le premier. Selon ce nouveau type, largement diffusé par des peuples parlant des langues non khoisanes, le Créateur mandate un messager pour porter aux humains un message de vie ; ce messager marche lentement ; pendant qu’il musarde, un second coursier part de son propre chef, et c’est lui qui arrive le premier, mais il modifie le message, ce qui introduit la mort chez les hommes. La répartition des versions du type archaïque conforte l’hypothèse d’une ancienne aire linguistique initialement étendue de l’est à l’extrême sud de l’Afrique, qui aurait été scindée en deux par l’expansion bantoue et dont l’aire khoisane serait un reste méridional.