Mr. Macron à Davos. Le raout.
Très à l’aise, notre président ! Aussi à l’aise avec les puissants qu’avec les promesses.
Et que de mots, que d’idées, des idées nouvelles même, pour Jupiter, qui daigne enfin pencher son auguste face vers les « laissés pour compte ».
CHOOSE FRANCE !
En vendant, oups, vantant la France, dans sa première partie de discours, Manu n’a pas dit une seule fois « je fais ce que j’ai dit » ... C’est déjà ça, mais bon, le slogan « la France is back » a beaucoup plu, et bien sûr, aussi, les propos sur les ristournes fiscales et autres arguments marketing. Du Macron pur jus ! Puis, dans la seconde partie le voilà qui s’est mis à faire du... Mélénchon...
Ça a commencé donc, par des remarques entre soi (gens qui ont réussi, je suppose), sur les aléas probables avec « nos peuples » et les risques de révolte si les inégalités continuent à s’accroître. « Il faut arrêter de détricoter notre modèle social ». Oui ... sic !
Il y a du pathologique à proférer des mensonges en rafales comme cela. Inutile d’argumenter sur cette contre-vérité que représente cette phrase, le simple rappel des faits suffit : loi travail, assèchement des moyens de tous ou presque les services publics.
Et le voilà qui prône un nouveau défi mondial en trois points : le partage, l’investissement et la protection ( dans cet ordre qui n’est pas tout à fait anodin...). Que de grands mots encore, qui engagent.
– Le partage ; les faits : réduction des taxes sur dividendes et autres joyeusetés et disparition partielle de l’impôt sur la fortune, c’est une drôle vision du partage si de plus on rappelle l’augmentation de la CSG et l’écrêtement des APL ...
Le partage mais à l’envers.
– L’investissement, chassez le naturel... c’était déjà le sujet du début de son discours, « viendez » en France pour investir. En comptant bien sur le ruissellement par tous ces premiers de cordée ! Sauf que ça ne ruisselle jamais, et qu’ils ne partagent jamais...
Notre président, en même temps, est pour le libéralisme effréné ET l’éthique ( partage, protection ) en politique, tout cela enrobé dans un gloubi-boulga de chef d’entreprise monomaniaque. Tout un art du paradoxe qui n’a gêné personne, au contraire, les gens ont applaudi. Sans percevoir soit le cynisme soit la folie portant ces propos.
– La protection. Des salariés ? loi travail, des chômeurs ? flicage et sanctions accrues dans la prochaine loi, des personnes âgées ? avec la hausse de la CSG, des personnes dépendantes ? Moins d’emplois aidés, bref, la protection de qui exactement ? Il reste les riches ! Protection, oui, une protection très ciblée.
Comment croire des propos aussi incohérents ? Et l’auditoire qui acclame un discours absurde : des chefs d’entreprise, des décideurs ! Le président a aussi développé, notamment, deux autres idées (complexes je suppose) assez particulières : une théorie du perdant et de nouveaux objectifs pour le Fonds Monétaire International.
– Une théorie du perdant, oui. C’est-à-dire qu’il presse tout le monde à créer son entreprise (pour devenir milliardaire...) et se propose de vous aider à recommencer si vous échouez, fantastique non ? « Il faut prendre des risques » dit-il. Et recommencer.... je ne sais pas bien pourquoi mais cet éloge du risque, cet empressement à « vendre » son business plan jusqu’à l’échec, c’est quoi ? Il y a bien sûr l’intention inavouée de substituer l’argent privé aux dépenses de l’état. Enjoindre d’invertir 1 euro dans l’éducation pour chaque euro invertis dans les pays sous-développés", en est l’exemple même. Il ne le demande certes pas (encore) pour la France mais c’est implicite dans bien des décisions prise : « demandez-vous ce que vous pouvez faire pour la France »... Cette petite musique est permanente. Une théorie du perdant ? Il n’est pas besoin de prendre des risques pour s’enrichir, il suffit d’une bonne idée et de beaucoup de travail (par exemple). La prise de risque est une caractéristique de l’adolescence, la maturité seule permet une claire vision de la situation et une juste évaluation des possibles ( un ego surdimensionné biaise le regard ), pas le risque a-priori. Risquer c’est envisager l’échec. Entreprendre, c’est voir et prévoir. (a-parte : même sa dialectique est branlante sur ce coup-là et ça a fait les grandes écoles et fréquenté des philosophes !)
Et d’un autre côté le chômage étant inhérent à la notion de travail, on se demande pourquoi il en veut autant aux (au choix) fainéants, ceux qui ne sont rien, laissé pour compte ... il est vrai que le chômeur « ordinaire » paye généralement pour les risques pris par les décideurs et les patrons...
L’extension des objectifs du FMI : surveiller le marché et les zones grises, les recoins que ne fréquentait pas jusqu’à présent le FMI, pourquoi ne le fait-il pas déjà serait une question légitime, et celle des moyens de sanctionner aussi... ce que n’a pas abordé Mr. Macron...
« Je fais ce que j’ai dit »
Faux évidemment, et de manière systématique : Parlant de protection il saccage dans le même temps les services publics qui met cette protection en oeuvre. Parlant de partage, il favorise dans le même temps une classe au détriment de toutes les autres.
Non monsieur Macron ne fait pas ce qu’il dit, et sans doute ne le fait-il jamais.