marielle 🐱

« vivere vuol dire essere partigiani » Antonio Gramsci

  • 20 Heures : Le Media esquisse un contre-modĂšle
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    Seuls les imbĂ©ciles ne changeant pas d’avis, j’ai bien peur de devoir revenir sur ce que je disais l’autre semaine, Ă  propos de l’adoption par Le Media des Insoumis, de cette forme ringarde et dĂ©passĂ©e qu’est un journal de 20 Heures.

    Soir aprĂšs soir, comme dans un bain de rĂ©vĂ©lateur, ce choix prend son sens. Et son sens, c’est l’émergence, dans la forme classique de la grand messe du soir, d’une vĂ©ritable contre-hiĂ©rarchie de l’info. Jeudi 25 janvier, le journal s’ouvre ainsi sur la relaxe, au Palais de justice de Paris, d’un militant de Nuit debout, LoĂŻc Canitrot, poursuivi par le MEDEF pour de prĂ©tendues violences lors d’une occupation du siĂšge du patronat, violences dont la rĂ©alitĂ© n’a jamais Ă©tĂ© Ă©tayĂ©e. Le deuxiĂšme sujet est consacrĂ© Ă  un discret bras de fer entre le ministĂšre des transports et Bercy, Ă  propos des exonĂ©rations fiscales sur l’achat des vĂ©los Ă©lectriques. Plus loin dans le journal, un long plateau est consacrĂ© Ă  la condamnation en appel de l’ex-prĂ©sident brĂ©silien Lula, avec une invitĂ©e brĂ©silienne, qui revient sur le dĂ©tail des accusations de corruption.

    Au mĂȘme moment, sur France 2, comme prĂ©vu, 17 minutes sont consacrĂ©es aux crues, et Ă  l’attente languissante de la grande crue de la Seine et de ses affluents (les fleuves non affluents sont priĂ©s de faire la queue comme tout le monde). Au mĂȘme moment, sur France 2, ce n’est qu’à la 14e de ces 17 minutes, aprĂšs 14 minutes de barques et de parpaings sous les canapĂ©s, que sont abordĂ©es les causes de ces crues (changement des pratiques agricoles, pesticides qui appauvrissent la terre, etc). Et Ă©videmment, chez Anne-Sophie Lapix, pas un mot sur la relaxe de Canitrot, ni sur le plan vĂ©lo.

    A l’inverse, chez Aude Rossigneux et ses collĂšgues, les inondations et l’accident d’un car de collĂ©giens dans le Sud-Ouest, sont ramenĂ©s au rang de brĂšves, dans les entrailles du journal -la guirlande de brĂšves qui plombait le journal les premiers soirs, a d’ailleurs subi un ratiboisage bienvenu. Ah comme ça fait du bien, de voir se dĂ©ployer une contre-hiĂ©rarchie de l’information, qui s’affranchit radicalement des paresseux empilements habituels !

    Alors, bien sĂ»r, on n’y est pas encore. Les moyens manquent cruellement. Pas de reporter au Palais de Justice pour la relaxe du militant de Nuit debout, qu’on se contente d’interviewer au tĂ©lĂ©phone. Le reportage Ă  l’AssemblĂ©e sur les secousses du plan vĂ©lo ne montre que des images-prĂ©textes, et ne dĂ©gage clairement ni les Ă©lĂ©ments prĂ©cis, Ă©noncĂ©s par LibĂ© au dĂ©but du mois (la rĂ©duction par Bercy, Ă  compter du 31 janvier, d’une aide de 200 euros pour l’achat d’un vĂ©lo Ă©lectrique), ni les enjeux stratĂ©giques : la transition Ă©nergĂ©tique. D’autres sujets dĂ©veloppĂ©s sont confus, et manquent de rythme. Ah, si Le Media disposait du dixiĂšme du budget de France 2 !

    Mais ce n’est pas l’essentiel. L’essentiel, c’est de montrer, par l’exemple, qu’il n’y a pas de fatalitĂ© du chien Ă©crasĂ©, et qu’on peut sortir enfin de l’attraction pour le modĂšle canonique de la tĂ©lĂ© privĂ©e. Car c’est une chose d’enrager soir aprĂšs soir de voir la chaĂźne publique dĂ©calquer la hiĂ©rarchie de l’info des chaĂźnes privĂ©es. Mais il manquait, pour rendre ces critiques crĂ©dibles, un contre-modĂšle, mĂȘme Ă  l’état d’esquisse. On dirait bien qu’il prend forme.

    • En plus suivi de l’excellent entretien avec le professeur Grimaldi et la belle interview d’Emmanuel Todd par Aude Lancelin !

      C’était donc du lourd !

      Le professeur Grimaldi est un habituĂ© de France Culture, du temps des Ă©missions consacrĂ©es Ă  la mĂ©decine. C’était d’ailleurs des Ă©missions oĂč l’on entendait une belle langue française. C’est une qualitĂ© qu’il faut reconnaĂźtre aux mĂ©decins et aux chercheurs de ce domaine : un langage prĂ©cis, sans hĂ©sitation, des phrases complĂštes... On comprend tout.

      Donc, le professeur Grimaldi est toujours trĂšs remontĂ© contre les modes de gestion imposĂ©s Ă  l’hĂŽpital public et il y a de quoi ! Il faudra l’inviter assez souvent car, pour France Culture, c’est cuit. Comme l’a dit Emmanuel Todd, FranceCu s’est converti Ă  Saint Macron. C’est simple : vous ouvrez la radio entre 6 heures et 9 heures, et vous entendez le nom de Macron une bonne vingtaine de fois et ce quel que soit le thĂšme du jour. Cela fait plus de 50 ans que j’écoute cette radio (et rien d’autre) eh bien, je n’avais jamais assistĂ© Ă  un tel cirage de pompe !
      Heureusement, le media prend la relùve de l’info intelligente.
      Et ce soir, c’était trĂšs bon. Des sujets trĂšs fouillĂ©s, pas de discussion oiseuse comme chez les milliardaires, bref, des journalistes qui font leur boulot. C’est rĂ©confortant. TrĂšs bon ThĂ©ophile [sur la neutralitĂ© du net] (oh, je sens que ThĂ©ophile va percer...).

      Et puis, il y a eu cette tentative d’explication sur ce qui se passe au BrĂ©sil. Évidemment, chacun de nous imagine facilement le rĂŽle des ricains, de la CIA, des « juges » tout Ă  fait impartiaux, etc. Il est encore trop tĂŽt pour que cette vĂ©ritĂ© Ă©clate.
      On notera simplement que se voir condamnĂ© Ă  12 ans de prison pour « corruption passive », c’est Ă©trange. A ce tarif, les prisons françaises seraient plus que archi dĂ©bordĂ©es.

      Puis il y eut le show Emmanuel Todd, trĂšs relax le Manu. Toujours plein d"idĂ©es foisonnantes et iconoclastes : certaines mĂ©ritent vraiment d’ĂȘtre extraites et relayĂ©es. Quand il veut ĂȘtre prĂ©cis et logique, le Manu, il est imbattable.

      A demain, le media.

      #LeMĂ©dia