Passeurs. De la sicile à Calais’les trafiquants d’exil.
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Ces passeurs opérant en bandes organisées ne génèrent pas les flux d’exilés mais ils en tirent profit. En France, en Italie, en Grèce… ils cherchent des stratégies pour faire passer les frontières de plus en plus surveillées à ceux qu’ils nomment leurs « clients ». Ce « business de l’exil » à destination de l’Europe a rapporté en 2015 plus de 4,1 milliards d’euros aux passeurs, selon Interpol et Europol. En quelques années, le trafic de migrants est passé à la deuxième place dans la hiérarchie de l’enrichissement illégal en lien avec la criminalité organisée, juste après le trafic de stupéfiants, comme le souligne l’ONU.
À l’instar des dealeurs de drogue, les passeurs sont des fantômes, ils gagnent des fortunes et œuvrent pour que leur business reste dans l’ombre. Pour évoquer ces trafiquants, comprendre leurs stratégies, il faut échanger en priorité avec ceux qui les côtoient le plus, leurs « clients », les migrants comme Sambou, ce jeune anglophone rencontré dans la ville bouillonnante de Palerme, en Sicile.
Depuis sa Gambie natale, Sambou a franchi plusieurs frontières : sénégalaise, mauritanienne, malienne, algérienne… « Pas sur de vraies routes, mais par des voies dans le désert. » Sur ces chemins, lui et son cousin ont roulé de nuit, entassés avec des dizaines d’autres migrants dans des camions, et dormi le jour, sous une chaleur étouffante. Ce voyage jusqu’en Europe lui a coûté plus de 1500 euros, à raison de plusieurs centaines d’euros pour chaque frontière. Mais les chiffres, dans ce business sans règles, ne sont que des approximations. Ils varient selon la nationalité, la nature de la frontière (complexe à franchir ou non), les conditions de trajet… Le système de paiement, informel, en cash, est nommé l’Hawala.