• Devenir une victime, devenir féministe – Les antiféminismes sont tout à fait fascinants
    https://lesantifeministessonttoutafaitfascinants.wordpress.com/2018/02/08/devenir-une-victime-devenir-feministe

    Il y a un mois, cent femmes signaient une tribune antiféministe dans Le Monde pour dénoncer le mouvement mondial et collectif de dénonciation de violences sexuelles issu de l’affaire Weinstein. Tout en commençant par rappeler que bien sûr, le viol est un crime très grave, la tribune adressait une série de critiques, par ailleurs assez variées et pas nécessairement très cohérentes, au mouvement #metoo. Les différentes déclarations des signataires suite à la publication de la tribune laissent penser qu’elles signaient parfois pour des raisons assez différentes, les unes étant attachées au doux commerce de la séduction hétérosexuelle, d’autres à la liberté dans la création artistique, d’autres enfin à une certaine idée la force des femmes face à un agresseur (savoir se défendre) ou bien à la suite d’un viol (ne pas être traumatisée et aller de l’avant).

    Cette tribune, mais aussi les propos tenus par la suite et en particulier ceux de Catherine Millet, m’ont mise très en colère. Elle me dérange aussi, parce que j’ai beau savoir que le partage d’une condition sociale (être une femme) n’est pas suffisant pour construire une solidarité politique, j’ai énormément de mal à comprendre ce positionnement idéologique. Andrea Dworkin et son ouvrage Les Femmes de droite est souvent cité comme proposition d’explication : se ranger du côté de l’oppresseur et soutenir un système qui, dans son ensemble, vous est très défavorable, peut procurer plus d’avantages immédiats qu’un engagement ouvert contre ce système. Ou pour le dire plus simplement : on fait ce qu’on peut. Elles ne sont d’ailleurs ni stupides ni soumises, elles expriment librement des idées (car comme toutes les femmes, elles en ont) réactionnaires. Elles n’en restent pas moins des adversaires politiques, mais demeurent des femmes dans un système patriarcal, dont elles subissent comme nous les violences et les injustices. Le sentiment d’échec face à ce retour de bâton demeure douloureux, et je me sens peut-être plus désarmée face à cette tribune que face aux (plus nombreux) hommes antiféministes dont j’ai croisé le chemin.

    #victime #me_too #femmes_de_droite #féminisme