• La prison est désormais une réalité massive pour les subalternes des métropoles occidentales. Dans cet entretien mené par Clément Petitjean, Ruth W. Gilmore propose une analyse saisissante des mutations de l’emprisonnement aux États-Unis. En s’appuyant sur les concepts de la géographie marxiste, elle montre que l’essor des établissements pénitenciers en Californie répond à la crise conjointe du capitalisme et de l’État social ; déconstruisant tous les amortisseurs sociaux de l’après-guerre, les politiques publiques ont fait de la prison l’unique institution de prise en charge et de gestion des populations excédentaires. Sans se contenter de dresser un tableau glaçant des rapports de classe tels qu’ils existent aujourd’hui, Gilmore donne à voir la fécondité et l’inventivité des luttes anticarcérales. Forte de son expérience militante, elle montre ce que veut concrètement dire l’abolitionnisme carcéral : une pratique de désobéissance, sur tous les fronts, capable d’enrayer la terrible industrie carcérale.
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