• Un art de conteuse

    Cette conférence de Chimamanda Ngozi Adichie est aujourd’hui (enfin, a-t-on envie de dire) traduite en français sous le titre provocant de : Nous sommes tous des féministes – traduction à laquelle les éditions Gallimard ont eu la judicieuse idée d’adjoindre une très belle nouvelle de l’écrivaine, intitulée Marieuses.

    Le texte est évidemment tout sauf théorique et technique. Plus proche du ton des contes de Toni Morrison que du travail, sur un plan formel, de Judith Butler, il n’est pas, pour autant, anecdotique. Si Chimamanda Ngozi Adichie y décrit à merveille les interactions hommes-femmes, c’est pour mieux faire apparaître, sous la surface de l’anecdote, les structures profondes de la domination masculine qui enserrent, étouffent autant les hommes que les femmes (ce que l’auteure nomme du beau et triste nom de « déterminisme du genre », d’une « injustice criante », ajoute-t-elle aussitôt).

    Si, comme dans L’Hibiscus pourpre, Chimamanda Ngozi Adichie dénonce bien évidemment toutes les formes de domination et de violence mutilantes qui pèsent sur les femmes (la violence conjugale, notamment), elle excelle plus encore à décrire les violences douces, symboliques, invisibles à force d’être évidentes et d’aller de soi.
    http://www.regards.fr/web/article/chimamanda-ngozi-adichie-feministe