TRIBUNE. « Les #violeurs ne sont pas les autres »
â»https://www.nouvelobs.com/societe/20180302.OBS2990/tribune-les-violeurs-ne-sont-pas-les-autres.html
Moi aussi je pensais que les violeurs Ă©taient des malades mentaux, de pauvres types qui se jettent sur les femmes la nuit pour leur arracher leurs vĂȘtements et les laisser pour mortes. Ou des dĂ©sĆuvrĂ©s de tours de banlieues, ceux qui disent « les meufs câest comme les chaussettes, on les troue et on les jette ». Qui dealent du shit dans les halls dâimmeuble. Qui sont au chĂŽmage et font des sĂ©jours en prison.
Dans « Je connais un violeur », jâai laissĂ© les victimes dĂ©crire leur agresseur. Je voulais montrer qui ils sont. Pas ceux qui ont Ă©tĂ© condamnĂ©s, mais les 98% restant qui ne passeront pas la moindre journĂ©e en prison. Pas les inconnus qui surgissent dans les bois, mais les 83% de violeurs que la victime connaissait avant lâagression. Les bons copains, les « trop sympas pour faire un truc pareil ». Qui sont-ils, que font-ils dans la vie, est-ce quâils ont des enfants, est-ce quâils donnent de lâargent Ă des associations humanitaires, est-ce quâils ont des diplĂŽmes ? Un violeur, ça fait quoi dans la vie, quand ça ne viole pas ? OĂč est-ce quâon a le plus de chances de les croiser ? En boĂźte, dans la rue, Ă la fac, au musĂ©e, Ă lâopĂ©ra ? dans des clubs de sport et des chorales dâamateurs ? Le meilleur moyen de savoir qui sont les violeurs est encore de le demander Ă leurs victimes. Jâai reçu plus de 1.000 tĂ©moignages en deux mois, et autant de portraits de violeurs lisses et insoupçonnables.