Articles repérés par Hervé Le Crosnier

Je prend ici des notes sur mes lectures. Les citations proviennent des articles cités.

  • Le 1 hebdo - Voyage au cœur de la vallée
    https://le1hebdo.fr/journal/numero/192/voyage-au-coeur-de-la-valle-2703.html

    Stanford, l’épicentre

    Troisième étape de ma tournée sur l’autoroute 101, l’université Stanford, près de Palo Alto, tranche avec la platitude esthétique ambiante. Le style néocolonial espagnol de ce gigantesque campus est l’une des nombreuses singularités de la principale université privée du pays avec ses 16 000 étudiants et ses vingt Prix Nobel : Stanford est l’épicentre et le principal incubateur de la Silicon Valley. Herbert Hoover, le trente-troisième président des États-Unis, y a développé pendant la Grande dépression de 1929 à 1933 le plus important think tank conservateur, et fait édifier en 1941 une tour austère rebaptisée pour rire la « President Hoover last erection ». L’université nourrit une relation symbiotique avec les entreprises : elle encourage et accompagne les aventures entrepreneuriales des jeunes espoirs du numérique et, en retour, certains de ces talents devenus multimillionnaires reversent à Stanford une partie de leur fortune en mécénat. Personne ici n’est choqué par cet entremêlement entre business et éducation, pas plus que par l’assujettissement fréquent de la recherche aux intérêts des entreprises.

    Spécialistes des inégalités, Claire Montialoux et Gabriel Zucman, un couple de jeunes chercheurs en économie installé à Stanford, sont plus circonspects. Après un passage à la direction du Trésor, Montialoux effectue des recherches sur le salaire minimum aux États-Unis et pointe le taux de pauvreté massif en Californie et l’explosion des inégalités depuis deux décennies. Zucman, professeur à Berkeley et spécialiste des paradis fiscaux, démonte le système de fraude fiscale mis en place par les GAFA : « Il y a une forme d’hypocrisie de la part de ces entreprises à prétendre faire le bien alors que leur quête effrénée du profit se traduit par une politique massive d’évasion fiscale. 63 % des profits des grandes entreprises américaines réalisés à l’étranger sont dissimulés dans les paradis fiscaux. Les GAFA sont persuadés qu’ils savent mieux que l’État fédéral comment utiliser leurs impôts, et légitiment ainsi leur organisation fiscale. » J’évoque avec lui les 38 milliards de dollars qu’Apple a accepté de reverser au Trésor public américain : « C’est une goutte d’eau par rapport à la cagnotte de près de 300 milliards de dollars dissimulée à Jersey et en Irlande, soupire-t-il. L’exploit d’Apple, c’est d’être parvenue à dicter à l’État son propre taux d’imposition ! »

    #Silicon_Valley