marielle 🐱

« vivere vuol dire essere partigiani » Antonio Gramsci

  • La charge des boutiquiers !

    AprĂšs plusieurs jours assez tumultueux d’acharnement mĂ©diatique et de pressions dĂ©mesurĂ©es, posons nous la question : pourquoi tant de virulence concernant le dĂ©part de journalistes et de quelques socios renommĂ©s du MĂ©dia qui avaient signĂ© le manifeste pour un mĂ©dia citoyen ?

    L’ĂȘtre humain sait trĂšs bien construire des justifications aprĂšs coup quand ce qui dĂ©clenche le ramdam est insignifiant. Mais que s’est-il passĂ© exactement ? Tout d’abord, on assiste au dĂ©part d’une journaliste, suite Ă  la fin d’une pĂ©riode d’essai non concluante. Ensuite, un autre journaliste opte pour une position de prĂ©caution face Ă  la difficultĂ© de vĂ©rifier la source des images venant de la zone du Ghouta. Pourtant, l’Histoire nous a appris qu’en situation de conflits, les images sont aussi un vecteur de manipulation des opinions pour justifier tel ou tel engagement guerrier.

    Que nous rĂ©vĂšle cette pĂ©riode en prenant un peu de hauteur ? Interrogeons nous sur ce que j’appellerais la charge des boutiquiers.

    Au delĂ  des projections de chacun sur ce que devait ĂȘtre Le MĂ©dia, qui, ce nouveau venu dans le paysage mĂ©diatique dĂ©range-t-il autant ? Et pourquoi ?

    Un milieu journalistique « bien pensant » qui ne supporte pas cet autre regard sur l’actualitĂ© car il leur renvoie leur propre subjectivitĂ© dans leur couverture de l’information ?
    Un milieu politique inquiet de voir une brĂšche, dans leur storytelling, dans une communication orientĂ©e en leur faveur ; que sais-je encore ?

    Dans cette sociĂ©tĂ© du tout compĂ©tition, oĂč la lutte des places est exacerbĂ©e puisqu’il n’y en a pas assez pour chacun.e, les mĂ©dias n’échappent pas Ă  cette condition. Comme l’information est sujet politique, chacun.e y va de la dĂ©fense ou de la promotion de son prĂ©-carrĂ© en fonction des pouvoirs en place. De cet assujettissement, s’en suit un conformisme aux intĂ©rĂȘts des dirigeants des grandes entreprises de presse qui les emploient pour se maintenir en place. Cela se traduit frĂ©quemment par des mĂ©thodes journalistiques bien basses pour provoquer l’audience et la rĂ©action Ă©motionnelle.

    GrĂące Ă  son indĂ©pendance financiĂšre, l’arrivĂ©e du MĂ©dia ne s’inscrit pas dans cette conformitĂ© ambiante. Il ne faut pas s’étonner qu’en s’attaquant Ă  la « grande messe du 20 Heures », ils provoquent des commentaires qui dĂ©notent d’un manque de tolĂ©rance Ă  un traitement diffĂ©rent de l’information. En permettant l’expression d’une parole critique aux politiques sociales, environnementales, Ă©conomiques, internationales et en donnant la parole Ă  des personnes qui n’ont plus ou pas l’accĂšs aux chaĂźnes de radio-tĂ©lĂ©vision, aux tribunes dans la presse, la diffĂ©rence avec les autres mĂ©dias est criante. C’est vrai qu’entendre autant de voix critiques ou dissonantes dans les "journaux de 20 H dominants" n’est pas lĂ©gion. Sans doute, certaines chaĂźnes privilĂ©gient d’autres approches pour distraire plutĂŽt que cultiver. Je crois que nous pouvons fĂ©liciter Le MĂ©dia d’avoir pris le chemin inverse.

    Mais, derriĂšre cette profusion de rĂ©actions Ă©pidermiques, ne ressentons nous pas ici autre chose, comme la peur d’une classe politique et des puissances Ă©conomiques qui possĂšdent les grands mĂ©dias ? Tout ce qui dĂ©montrerait que la logique comptable actuelle des projets « libĂ©raux » produit un dĂ©ficit humain, environnemental et Ă  terme financier, inquiĂšte. Rendre visible cela, c’est mettre en question le pouvoir, la position dominante ou installĂ©e d’une oligarchie.

    Nous avons certainement ici la raison pour laquelle celles et ceux qui s’emploient Ă  Ă©clairer les citoyens sont renvoyĂ©s au sempiternel manƓuvre d’étiquetage politique de toute part. C’est d’ailleurs ce que recherchent tous ces boutiquiers mĂ©diatiques qui n’ont pas hĂ©sitĂ© Ă  le faire avant mĂȘme son dĂ©marrage. En le qualifiant de mĂ©dia insoumis, c’est vouloir l’enfermer, au regard de l’opinion, dans une vision politicienne (ce scĂ©nario est en place et va continuer) alors qu’il se dĂ©finit autour de valeurs.

    Cependant, se dĂ©clarer un mĂ©dia engagĂ© dans des causes Ă©cologiques, fĂ©ministes, humanistes est une preuve d’honnĂȘtetĂ© qui devrait inspirer celles et ceux qui critiquent cette initiative dans le champ mĂ©diatique audiovisuel d’aujourd’hui. Au lieu de cela, certains.es ont beau jeu de se rĂ©clamer d’une neutralitĂ© qui n’existe pas dans le traitement de l’information. Il s’arroge une objectivitĂ© tout en laissant paraĂźtre leur orientation sur ce qui serait bien ou ce qui serait mal de penser.

    Y a-t-il des insoumis dans l’équipe du MĂ©dia ? Il serait difficile de dire le contraire. Mais, en faire l’exclusivitĂ© n’est pas juste au regard des personnalitĂ©s invitĂ©es Ă  l’antenne et de la diversitĂ© des socios. Dans un contexte de dislocation des partis politiques traditionnels, singuliĂšrement, il ne serait pas Ă©tonnant non plus qu’une certaine « gauche socialiste » participe, de concert avec la droite, pour tenter d’isoler une webtĂ©lĂ© trop critique Ă  leur goĂ»t envers « cette pensĂ©e unique du libĂ©ralisme ». Tout ce petit monde et ce microcosme « HS » (Hors Sol) se retrouvent unis dans les lieux d’influence, cherchant Ă  dĂ©fendre leur « boutique de pensĂ©e », faisant croire qu’ils ne font pas partis d’une mĂȘme chaĂźne de boutiques franchisĂ©es.

    Une autre famille mĂ©diatique de gauche (dont j’ai pu Ă  une Ă©poque m’identifier Ă  leurs analyses), prĂ©fĂšre voir l’arrivĂ©e de ce nouveau mĂ©dia audiovisuel comme un concurrent, plutĂŽt que rechercher des complĂ©mentaritĂ©s et des coopĂ©rations. Elle profite de la situation actuelle pour salir Le MĂ©dia avec une argumentation digne d’un procĂšs politique ; ce qui rĂ©vĂšle bien des choses. Au lieu de prendre de la distance, elle s’inscrit pleinement dans cette querelle de boutiquiers. Elle privilĂ©gie le marchĂ© d’un lectorat qu’elle voudrait captif plutĂŽt que l’information. Ne serait-ce pas Ă©galement un signe de fragilitĂ© idĂ©ologique et d’un conservatisme au regard des enjeux de sociĂ©tĂ© ? Quelle dĂ©ception !

    Pourtant, Le MĂ©dia n’est pas un mouvement politique. Il prĂ©sente des tĂ©moignages, il confronte des points de vue et propose l’analyse de questions de sociĂ©tĂ© en les mettant en dĂ©bats. Au regard du journal et des Ă©missions, nous l’avons constatĂ© sur sa toute petite pĂ©riode d’existence. Permettre de mieux comprendre le monde, cette globalisation « libĂ©rale », me paraĂźt ĂȘtre la dĂ©marche sensĂ©e du MĂ©dia pour penser des rĂ©ponses Ă  ce qui s’annonce ?

    Le climat se rĂ©chauffe. La sixiĂšme extinction de masse des animaux s’accĂ©lĂšre. L’humanitĂ© Ă©puise les ressources naturelles. La concentration de richesse mondiale atteint des proportions dangereuses. Les dĂ©penses militaires continuent d’augmenter au niveau mondial etc., autant de sujets qui, je ne doute pas, feront l’objet d’émission un jour. Face Ă  ces enjeux pour les habitants de la planĂšte, combien de leaders d’opinions politiques, mĂ©diatiques, Ă©conomiques nous endorment avec leur novlangue « nĂ©olibĂ©rale » ? Et de fait, notre intĂ©gration consciente ou inconsciente de leur mode de pensĂ©e ou notre rĂ©signation font de nous des complices.

    Dans ce combat culturel, le courage devient, une des qualités supplémentaires des journalistes existants et futurs du Média et ils peuvent compter sur des abonnés en augmentation pour les soutenir. La charge des boutiquiers en sera pour ses frais.

    #LeMĂ©dia #combat_culturel

    ▻https://www.lemediatv.fr/articles/la-charge-des-boutiquiers-article-modifie-et-augmente

    • #AsilePolitiquePourNoĂ«l par GĂ©rard Miller :D !

      Ainsi l’émoi mĂ©diatique soulevĂ© par le dĂ©part d’Aude Rossigneux n’était que l’arbre qui cache la forĂȘt. NaĂŻfs journalistes du Figaro ou de BFM qui pensiez avoir affaire Ă  des insoumis ! GrĂące aux rĂ©vĂ©lations de NoĂ«l MamĂšre et Ă  son exfiltration audacieuse de Montreuil, la vĂ©ritĂ© Ă©clate : le MĂ©dia citoyen n’était qu’un repaire de rouges, le couteau entre les dents, avec Ă  sa tĂȘte rien de moins qu’un « comitĂ© des soviets ». Fier de l’amitiĂ© que m’a toujours portĂ©e NoĂ«l, je tiens Ă  saluer publiquement son courage.

      Certes, c’est avec quelques mois de retard qu’il a dĂ©cidĂ© de fĂȘter le centenaire de la rĂ©volution bolchĂ©vique, mais j’imagine ce qu’il a dĂ» subir, Ă©mission aprĂšs Ă©mission, en se retrouvant plongĂ© dans les heures les plus sombres de la Guerre froide qui opposa les Etats-Unis Ă  l’URSS. Qu’on ne compte donc pas sur moi pour dĂ©noncer le « transfuge » qu’il est aujourd’hui sous le fallacieux prĂ©texte qu’aprĂšs avoir signĂ© Ă  ma demande le Manifeste du MĂ©dia, il m’a en revanche lui-mĂȘme contactĂ© pour participer audit MĂ©dia, comme en tĂ©moigne l’un des messages (parmi quelques autres) que j’ai reçus de lui. Comme le cĂ©lĂšbre Viktor AndreĂŻevitch Kravtchenko , auteur de I chose freedom, livre publiĂ© Ă  New York en 1946, NoĂ«l AndreĂŻevitch MamĂšre a choisi la libertĂ©.

      Je le dis clairement : le gouvernement d’Edouard Philippe s’honorerait en accordant Ă  NoĂ«l l’asile politique et je lance Ă  l’instant mĂȘme l’hashtag #AsilePolitiquePourNoĂ«l. Ayant moi-mĂȘme parlĂ© de nombreuses fois avec lui ces deux derniĂšres semaines, et encore une heure avant qu’il ne franchisse le mur de Berlin, j’imagine les pressions qu’il a subies pour m’écrire ou me dire sur tous les tons qu’il avait Ă©tĂ© toujours libre au MĂ©dia, qu’il avait choisi comme il l’entendait ses thĂšmes et ses invitĂ©s, et qu’il gardait toute sa sympathie Ă  une Ă©quipe qui lui avait ainsi laissĂ© carte blanche.

      Je connais trop les mĂ©thodes des bolcheviks pour ne pas anticiper les railleries que NoĂ«l va subir. Certains diront par exemple que le jour mĂȘme oĂč il faisait sa dĂ©claration bouleversante Ă  Quotidien, il prenait la parole, quelques instants plus tard, Ă  une rĂ©union publique... de la France insoumise, rue Marcadet Ă  Paris, et se faisait photographie, « en homme libre », devant le soviet du 18Ăšme arrondissement. Moi, tout au contraire, j’admire cette duplicitĂ© salutaire, qui lui permet d’infiltrer l’ennemi pour mieux le dĂ©noncer ensuite.

      J’apporte donc ici tout mon soutien Ă  NoĂ«l MamĂšre. C’est vrai qu’il dit une chose et son contraire, mais c’est simplement parce qu’il est l’un des dirigeants du mouvement GĂ©nĂ©rations et qu’il lui est plus utile de se contredire que de se rĂ©pĂ©ter. Je l’affirme donc : NoĂ«l n’a qu’une parole et elle lui est prĂ©cieuse. C’est pourquoi, quand il la donne, il la reprend.