Articles repérés par Hervé Le Crosnier

Je prend ici des notes sur mes lectures. Les citations proviennent des articles cités.

  • affordance.info : Autodafécebook. De l’interdiction des livres sur Facebook et de l’inquisition de certaines formes instrumentales de viralité.
    http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/03/de-linterdiction-des-livres-sur-facebook-et-de-linquisition-de-l
    http://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef01bb09f9ae7d970d-600wi

    Par Olivier Ertzscheid

    L’histoire occupe probablement une bonne partie de votre mur Facebook depuis quelques jours. L’histoire c’est celle du livre « on a chopé la puberté » publié par les éditions Milan Jeunesse.

    Il ne s’agissait bien sûr que d’un extrait et très peu de journaux et de journalistes ont fait le travail d’aller lire en intégralité l’ouvrage, beaucoup préférant se contenter de décrire la montée du bad buzz sur les réseaux sociaux en reprenant d’ailleurs uniquement les éléments visuels déjà jetés en pâture. Exception notable, cet article de Madmoizelle paru le 2 Mars qui fut l’un des rares (le seul ?) à prendre le temps de rappeler que les extraits diffusés ne rendaient pas compte de l’ensemble et devaient à tout le moins être regardés avec davantage de circonspection et dans le contexte général de l’ouvrage, bien moins caricatural que ce qu’en donnaient à voir les extraits choisis.

    Quelques jours plus tard, 148 249 personnes avaient signé une pétition réclamant, et obtenant le retrait du livre paru à ... 5000 exemplaires.

    Ce qui est en train de se jouer c’est que nous avons tous pris conscience de l’immense pouvoir que nous conférait la viralité.

    Et que les grandes plateformes, où ce sentiment de toute puissance est seul à pouvoir se construire et s’exercer, jouent l’exacerbation de manière systématique, programmatique.

    Dans cette affaire comme dans d’autres les mécanismes de la viralité sont tout à fait connus et documentés, comme le sont les effets souvent pervers qui l’alimentent : tyrannie des agissants et autres biais cognitifs surjouent une indignation qui vise surtout à marquer notre appartenance opportuniste à une agitation organisée en catharsis d’on ne sait plus vraiment trop quoi, plutôt que notre adhésion sincère aux thèses à l’origine de ladite agitation.

    Puisqu’il est à peu près certain que jamais les plateformes ne renonceront à instrumentaliser cette viralité qui est le paradigme premier de leur modèle d’affaire, puisqu’il est également certain qu’il faudra encore beaucoup de temps pour que le design attentionnel en vienne à intégrer des perspectives éthiques « by default », alors il faut nous éduquer à ces grammaires du pulsionnel qui font de la viralité une forme de partage qui ne vise rien d’autre que la reproduction de sa propre et formidable inertie en se nourrissant d’une hystérisation qu’elle secrète elle-même. Nous éduquer donc à ces grammaires du pulsionnel, et s’efforcer d’y éduquer nos proches. Ou nous en éloigner avec eux par différents moyens.

    #Edition #Censure #Médias_sociaux #Viralité #Olivier_Ertzscheid