Pierre Coutil

de celles et ceux qui marchent avec… (enfin qu’essayent).

  • Réjane Sénac : « L’Egalité Est Hors De Prix Ou N’Est Pas » (Forbes France)
    https://www.forbes.fr/femmes-at-forbes/rejane-senac-legalite-est-hors-de-prix-ou-nest-pas

    Les campagnes #Metoo et #BalanceTonPorc rendent visibles à la fois l’ampleur des violences et leur impunité sociale, mais aussi juridique, les dépôts de plainte ayant augmenté de 30% les mois suivants ces campagnes. Les condamnations juridiques sont essentielles car en sanctionnant les comportements et actes violents, elles ont à la fois un rôle réparateur pour les victimes et pédagogique pour tou.te.s. Or, comme le soulignent en particulier les travaux du HCEfh, en France, parmi les dizaines de milliers de femmes victimes de viol tous les ans, environ une sur 10 porte plainte et seule une plainte sur dix aboutit à une condamnation.

    Les deux démarches sont liées et complémentaires. Si j’ai choisi de m’exprimer avec #MeToo, c’est parce qu’il me semble dire plus explicitement la dimension politique du vécu à la fois intime et partagé des violences sexuelles. S’inscrire dans le collectif de celles qui subissent ces violences, ce n’est pas se “victimiser”, mais c’est dénoncer un système de domination et ses conséquences. Au-delà des auteurs de ces violences, il s’agit de « balancer » une société de domination et d’interroger les conditions à mettre en place pour créer une société d’éga.ux.les. Ce partage de témoignages crée, au-delà de leurs particularités, une sororité dans l’adversité, une dénonciation collective d’une biopolitique de la domination.

    Conscients des enjeux politiques de ce moment, certains hommes ont exprimé leur solidarité en rédigeant des tribunes et en participant à des rassemblements. Le dépassement de la normalisation des violences envers les femmes ne pourra se faire qu’avec eux, mais à condition qu’ils ne tombent pas dans le piège de la confiscation de la parole légitime en reproduisant une posture paternaliste même bienveillante.

    L’enjeu est de le faire de manière à ce que les assignations et les stéréotypes inclus dans ces catégories soient ainsi déconstruits et non respectabilisés et modernisés. C’est à cette condition que la mise en place de mesures d’action positive, quel que soit le secteur de politique publique (des « réseaux d’éducation prioritaires plus » dans l’éducation aux lois instaurant un quota pour partager les postes à responsabilité), participera à la déconstruction de l’ordre inégalitaire. Les principes de justification de ces mesures sont déterminants car si ces mesures sont appliquées au nom de la performance de la mixité, et non de la remise en cause des différenciations jugées illégitimes, elles contribueront à renaturaliser les hiérarchies sociales et politiques dans une inclusion sous conditions.

    #sexisme #féminisme #plafond_de_verre #mansplaining #égalité

    • Ainsi, au niveau macroéconomique, des travaux ont montré que la discrimination salariale à l’encontre des femmes accroît l’attractivité de certains pays en termes d’investissements directs étrangers et donc leur dynamisme économique. L’économiste Stéphanie Seguino[7] souligne que dans les pays semi-industrialisés ayant des économies ouvertes et fortement imbriquées dans la globalisation (Thaïlande, Taiwan par exemple…), la discrimination salariale stimule la croissance économique. En effet, les écarts de salaire femmes-hommes y sont supérieurs aux écarts de productivité ente les sexes, ce qui rend ces pays attractifs aux investissements étrangers. Le moindre coût du travail des femmes constitue alors une source de profit. Ainsi, l’argument prétendument pragmatique de l’investissement social dans l’égalité la met en danger en la conditionnant à la démonstration de sa rentabilité.