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  • Procès de Tarnac – Jour 3 par Ingrid Merckx | Politis
    http://www.politis.fr/articles/2018/03/proces-de-tarnac-jour-3-38525

    Le fameux crochet

    La présidente poursuit la description des dégradations dont celle reprochée à Julien Coupat et Yildune Lévy dans la nuit du 7 au 8 novembre. C’est un peu laborieux. On baille dans la salle. Mathieu Burnel se retourne vers Benjamin Rosoux qui, assis derrière lui au deuxième rang des prévenus, lui sourit sous sa fine moustache. Julien Coupat se penche vers Maître Assous assis à sa gauche. Il agite sa main droite en pinçant deux doigts. Il porte un pull sombre et des lunettes, comme Mathieu Burnel assis à sa droite. Me Jérémie Assous hoche la tête. Tous les trois ont des ordinateurs ouverts devant eux. L’un et l’autre de ces deux prévenus, moins impertinents que les deux premiers jours, se lèvent à tour de rôle pour apporter des précisions techniques, experts de leurs dossiers « un peu paranoïaques », reconnaît même Mathieu Burnel.

    « On pourrait faire venir un expert des fadettes, propose la présidente, ni vous ni le tribunal n’avons les compétences... » « On pourrait demander à David Dufresne quand il va témoigner, propose Mathieu Burnel. Dans son livre, #Tarnac, Magasin Général, il a interrogé un policier qui lui explique comment trafiquer des fadettes... »

    Les autres prévenus sont plus discrets. Sourient, ou parlent parfois entre voisins. Mais ils suivent les débats plus calmes, plus immobiles. Les faits qui leur sont reprochés : refus de prélèvements ADN et recel de papiers d’identités, n’ont pas encore été abordés.

    Remous dans la salle quand la présidente sort « l’arme du crime », le crochet « fer à béton » qui a servi à endommager la ligne SNCF. « C’est lourd ! Et pas forcément très propre..., prévient-elle. Ce crochet ne pouvait entraîner de déraillement... Il ne nécessitait pas de complicité à la SNCF. »

    Ce crochet, c’est aussi celui qui figure, dessiné, sur la couverture du deuxième numéro imprimé du journal en ligne Lundi matin et consacré aux archives de l’affaire de Tarnac. « Pas d’empreintes, pas de traces ADN », continue la présidente qui fait tourner l’objet. « Touche ! », jette Mathieu Burnel à Julien Coupat en lui tendant le crochet par la partie non couverte par un plastique. Nouveaux rires dans la salle.

    « Il a été fabriqué de façon astucieuse... ce crochet est parfait », commente l’expert, admiratif, qui a été introduit à l’audience. Applaudissements et rires dans la salle. « On peut s’électrocuter avec ce crochet mais si j’avais à le poser sur une ligne... (rires dans la salle), je veux dire : si j’étais malfaisant (nouveaux rires dans la salle)... un bâton d’isolant suffirait... »

    « Pas de risques pour le poseur, enchaine l’autre expert. Mais je voudrais détailler les risques pour la caténaire... » Les rapports des dégradations le montrent : elles ont été réalisées par des personnes qui avaient de « bonnes connaissances techniques », l’intention d’« entraîner des dommages » sur les lignes, mais savaient que les opérations seraient « sans danger pour les usagers ». « Pour qu’il y ait catastrophe, il faut deux causes, ajoute le deuxième expert. Ici, il n’y en a qu’une... »