Dans mon open space
Je reçois la visite impromptue
De Peter Handke. Les rêves de fois
Petit-déjeuner du dimanche
Avec Sarah qui se réjouit
De son croissant comme une enfant
Il fait un temps radieux
Sur la route de son travail
Et un froid polaire
Je lui achète
Un pot de cornichons
Situation amusante
Au marché
Le froid pique sévèrement
Mains blanches
Le front brûlant de fièvre
Les mains gelées
Je déballe mes légumes
Je me fais un café au lait roboratif
Je monte avec dans ma tour d’ivoire
Et je tente d’écrire un peu. Et ça marche. Un peu
Longs préparatifs
Pour la mère de toutes
Les galettes coréennes
Œufs
Moules
Crevettes
Poivrons
Poireaux
Huile de pépins
Puis retourner
Œufs cassés
Moules
Crevettes
Poivrons
Poireaux
Ecrire une recette à l’envers
Pour qu’elle devienne
Un poème
Bricolage du dimanche
Dépose de l’ancienne boîte aux lettres
Qui n’a pas apporté que des bonnes nouvelles
Si cela se trouve
Nous vivions dans la terreur
D’une boîte aux lettres maléfique
Et pourtant
Vu ce qu’il reste à affronter prochainement
Je doute que la nouvelle boîte saura nous protéger
Il m’arrive parfois
De me demander
Quand mettre le mot fin
Je vois très bien
Comment j’aimerais
Finir Mon Oiseau Bleu
Finir Mon Oiseau bleu
Par une scène
De baiser !
En attendant
Je crois que je vais profiter
Du soleil pour aller marcher
Je sors marcher
Avec Émile
Par un froid polaire
Du parc de la Matène
Admirable contre-jour
À perte de vue : Val-de-Marne
Chemin du retour
Nous croisons une voisine
Dont je sais le combat commun
Longtemps
Que nous n’avions pas échangé
Sur le sujet
Nos divergences de vues
Se sont émoussées
Avec l’âge, tant mieux !
On rigole un peu
Que nous ayons parfois aussi
Des difficultés avec nos autres enfants
Tentative de chicons chauds
Avec beurre, miel et jus d’orange caramélisés
Et dès la première bouchée, le dégoût
Toute ma vie
J’aurais tenté d’aimer
Les chicons chauds, sans succès
C’est dimanche soir
Et Satoko est venue
Chaleur de mes enfants
Emile
Intraitable aux échecs
Ce soir, en pleine possession de ses moyens
Je lis
La Tablée
De Pierre Michon
Sarah
Le patron
C’est Pierre