Pas la moindre trace de rêve
Ce matin, vague souvenir
D’un voyage au travers d’une ville déserte
Je me lève du bon pied
Dans une maison silencieuse
Vacance des enfants, matins tranquilles
Je monte café en main dans ma chambre open space
Home office toute la semaine
Je ris toujours de la superposition de tels mondes
Ainsi comme il serait drôle
Que dans l’open space
J’affiche certains tableaux et images !
Dans l’open space
La vanité
De Martin
Dans l’open space
Mes autoportraits
Du Jour des innocents
Dans l’open space
La sculpture du marteau
De Daniel
Dans l’open space
Le tableau de Valérie
Ca passerait peut-être
Dans l’open space
La photographie
D’Arnand Claas
Dans l’open space
Les vautours
De L.L. de Mars
Dans l’open space
Les portraits rayés
De Karen Savage
Dans l’open space
La photographie sombre
De Pierre Massaud
Dans l’open space
La photographie de Daphna
qui a longtemps fait peur aux enfants
Dans l’open space
Ne serait-ce que la carte postale
De la Maja nue de Goya
On a beau être dans le home office
Je ne vois pas pourquoi
Je me priverais d’une pause au BDP
Au BDP
Relecture de quelques pages
De Frôlé par un V1
Nouilles
Sautées
Au satay
Les corrections faites sur Raffut
Ne collent toujours pas
Mathieu est vigilant, ma reconnaissance
Je passe trois bonnes heures
À remâcher sans cesse
Un petit paragraphe
Et deux bonnes heures
À maquiller
Mes méfaits ailleurs dans le texte
À l’heure pétante
De la sortie du bureau
J’emmène les enfants au bois
Froid mordant
Pourtant le lac à peine figé
Mais un fort vent, glacial
Il faut donc venir au bois de Vincennes
Un lundi en période de vacance
Et par grand froid pour être tranquille
De retour à la maison
Je retourne à mâcher mes phrases
Je tiens enfin le coupable, un adverbe !
Je relis
Je relis encore
Je relis à voix haute
Je cuisine une quiche
Luxueuse de légumes
Appréciation diverse des enfants
Je pars voir Ni juge ni soumise
Avec Zoé au Keaton
Grande salle pleine !
On est immédiatement séduit
Par l’humour invraisemblablement décalé
De cette belge juge d’instruction
On ne cesse de se demander
Comment toutes et tous
Oublient la caméra et les microphones
Je ne peux m’empêcher de repenser
À la pesanteur du cinéma de Depardon
Dans un décor comparable
Et ici Yves Hinant et Jean Libon
Ne font pas tant de cinéma
Et cernent tellement l’humain
Et l’intelligence de terminer
Par une confession tellement folle
Tellement pénible, tellement
Oui, utile rappel
On n’est pas là pour rire
(Après avoir bien ri, mais ri)
Je repars
Bras dessus bras dessous
Avec Zoé dans le froid pseudo-russe