marielle 🐱

« vivere vuol dire essere partigiani » Antonio Gramsci

  • FREDERIC LORDON : “NOUS VOULONS LE DEBORDEMENT GENERAL !”
    ▻https://www.youtube.com/watch?v=5-AA_dadrk4

    Intervention de l’économiste et philosophe FrĂ©dĂ©ric Lordon au rassemblement organisĂ© Ă  la Bourse du Travail le 4 avril 2018 sur l’initiative entre autres du journal Fakir...

    #5MAI #classe_obscĂšne

    ▻https://blogs.mediapart.fr/lonesome-cowboy/blog/050418/discours-de-frederic-lordon-la-bourse-du-travail

    • Bon, je crois que vous avez compris maintenant que nous ne sommes pas lĂ  pour procĂ©der Ă  quelques reconstitutions de ligues dissoutes, on est pas lĂ  pour rejouer Ă  nuit debout, Marx nous a avertis de longue date de ce qu’il avait lieu de penser des secondes fois. Nous sommes lĂ  pour autre chose. Nous sommes lĂ  parce que nous nous sentons requis, nous nous sentons requis par un moment important, dĂ©cisif peut ĂȘtre. Il y a du malheur dans ce pays. Des gens souffrent seuls et ne se rencontrent pas. Certains choisissent mĂȘme d’en finir, qui appartiennent dĂ©sormais Ă  des classes sociales qu’on aurait jamais imaginĂ©es. A un moment il faudra mettre en ordre le vocabulaire. Quand des politiques publiques continuellement poursuivies depuis trente ans, conduisent ainsi directement des gens Ă  s’abĂźmer, ou Ă  se supprimer, comment faut-il les qualifier ? Je retiens de justesse quelques mots qui me viennent Ă  l’esprit, mais au minimum ce sont des politiques qui sont passibles de procĂšs publics.

      Il y a quelques temps j’ai proposĂ©, moitiĂ© pour rire, moitiĂ© pour provoquer, une troisiĂšme moitiĂ© Ă©ventuellement pour rĂ©flĂ©chir un peu 
 de considĂ©rer ce que j’ai appelĂ© la classe nuisible. Si cela en agace quelques-uns on peut l’appeler autrement, c’est vrai que ce n’est pas trĂšs gentil
 la classe bĂ©ate, ou la classe pharisienne
 mais en gros tous les ravis de la mondialisation
 qui non seulement cautionnement mais applaudissement Ă  l’installation des structures du malheur des autres, n’en ont aucun Ă©gard et pour finir leur font la leçon Ă  coup de gĂ©nĂ©ralitĂ©s Ă©difiantes. Mais la classe nuisible est surmontĂ©e d’une fraction encore plus Ă©troite qu’il faudrait appeler la classe obscĂšne. Si vous croyez que j’exagĂšre, Ă©coutez, tendez l’oreille. Il ne se passe presque plus une journĂ©e sans que quelque reprĂ©sentant de la classe obscĂšne ne vienne dĂ©poser sa bouse. La classe obscĂšne, c’est ce dĂ©putĂ© macronien, entrepreneur enrichit, qui vient expliquer que cela suffit cette obsession pour le pouvoir d’achat parce qu’il y a quand mĂȘme d’autres choses dans la vie. C’est cet autre qui soutient qu’il y a tout au plus cinquante SDF dans paris et qui ont choisi d’y ĂȘtre. Ou bien ce sinistre individu qui suggĂšre dans les colonnes du point qu’on compte les dĂ©cĂšs liĂ©s aux grĂšves. Et bien comptage pour comptage, il faut relever le dĂ©fit. Et carrĂ©ment mĂȘme. A quand par exemple un livre noir mondial du nĂ©olibĂ©ralisme ?

      Livre noir de l’ajustement structurel au sud, de la mise au travail des enfants en Afrique, du massacre de la GrĂšce, des dĂ©cĂšs climatique et des suicidĂ©s bien de chez nous. La classe obscĂšne veut compter ? C’est parfait, on va compter avec elle. A ceci prĂšs que nous ici on ne veut pas seulement compter, on veut arrĂȘter le compteur.

      Alors on va dire que j’extravague, qu’il n’est question aprĂšs tout que d’une simple dĂ©rĂ©gulation du transport ferroviaire demandĂ© par l’Europe. Je rĂ©ponds qu’il ne fera pas cinq ans pour que la SNCF connaisse sa vague de suicides, comme avant elle la Poste, Orange et les hĂŽpitaux. Nous ne laisserons pas faire ca ! (...)