• Un « Atlas » pour dénoncer les effets des politiques migratoires

    Petite #recension de ma part de l’#atlas de #Migreurop

    Toute carte est le fruit d’une intention. Par le choix des formes (points, lignes, surfaces), par l’épaisseur des traits, par le choix des couleurs, le cartographe commente et analyse le phénomène qu’il veut mettre en exergue. Les cartes peuvent ainsi servir le pouvoir (sans cartes, sans cartographes, sans géographes, le projet colonial n’aurait simplement pas pu exister) ou, au contraire, faire entendre la voix des sans-voix, montrer le point de vue des dominés, des victimes d’injustices sociales et spatiales. C’est le projet des contre-cartographies, de la géographie « critique ».

    L’Atlas des migrants en Europe, à sa troisième édition, est emblématique de cette démarche. Le sous-titre le dévoile : « Approches critiques des politiques migratoires. » En 175 pages, réunissant une petite centaine de cartes et illustrations, il donne à voir ce que les politiques cachent ou détournent.

    Ces cartes dénoncent les politiques migratoires en montrant leurs effets pervers et mortifères. Elles disent une autre vérité, elles portent la parole de ces corps qui, en traversant les frontières, parfois les murs, et en défiant les politiques en place, peuvent véritablement témoigner de la brutalité du régime migratoire européen. Les corps de personnes en exil sont marqués par les politiques migratoires : quand on les oblige à détourner les systèmes de surveillance, à défier la mort dans les déserts, les mers et les montagnes, quand on les place en « rétention », quand on les expulse par la force, quand on les jette à la rue et on les force à la « migrerrance », à l’errance post-migratoire.

    Ces trajectoires sont inscrites dans l’Atlas, à travers des cartes — critiques, sensibles, radicales — et des récits. Des trajectoires individuelles, comme celle de Ahmed qui, « sans travail et sans papiers », traverse le désert et les Balkans pour arriver en Angleterre deux ans après. Des trajectoires individuelles qui, toutes, s’inscrivent dans une destinée collective. Car les cartes ne suivent pas, par une ligne, les parcours singuliers, mais montrent des tendances.

    Cette collection donne à voir des phénomènes invisibles, et c’est là, justement, leur prérogative et leur pouvoir. Elles montrent les flux monétaires qu’engendrent les politiques migratoires : le coût des expulsions (11,3 milliards d’euros, hors dispositifs Dublin), le coût de l’enfermement de personnes en situation irrégulière (780 millions de livres au Royaume-Uni). Elles chiffrent les morts en Méditerranée, auxquels on peut rendre hommage grâce à une poignée d’associations qui, depuis les années 1990, dépouillent les dépêches et les nouvelles dans les journaux locaux afin d’établir des « listes des disparus en mer ». Elles illustrent aussi les politiques d’externalisation, qui, parce qu’elles se déploient géographiquement loin de nos regards, au Soudan ou au Niger, elles servent justement de cache-yeux.

    Ainsi, cet atlas critique démasque le système, en démêle les enjeux et déconstruit des politiques migratoires créatrices d’injustices afin de donner les instruments, à celles et ceux qui y résistent, d’œuvrer au rétablissement d’une justice migratoire. Pour que « les cartes de demain donnent à voir des frontières ouvertes et des droits humains respectés ».

    https://www.lacite.info/livresidees/atlas-politiques-migratoires
    #cartographie #livre #migrations #frontières #asile #externalisation #camps #campement #ressources_pédagogiques #géographie_des_migrations

    • Atlas des migrants en Europe. Approches critiques des politiques migratoires

      Les candidats à l’exil, fuyant les guerres, la pauvreté et les crises politiques, voyagent souvent au péril de leur vie. Depuis 25 ans, près de 40 000 migrants sont morts ou ont disparu, par noyade ou épuisement, aux frontières européennes, dont plus de 6 000 pour la seule année 2016, la plus meurtrière jamais enregistrée.
      L’augmentation des arrivées observée depuis 2015 a fait souffler un vent de panique au sein des États de l’Union européenne qui se sont ressaisis en durcissant la seule politique qui vaille à leurs yeux, le renforcement des frontières extérieures : multiplication des murs et barrières pour « réguler les flux », ouverture de nouveaux camps, externalisation de l’accueil, militarisation accrue de la surveillance et de la répression… la « crise des migrants » a été suscitée autant que subie, et vient interroger tout le système européen des frontières, des politiques d’accueil et d’immigration.
      Déconstruire les a priori, changer les regards, interroger les frontières, cartographier le contrôle sécuritaire et l’enfermement, enfin, et surtout, donner la parole aux migrants : tels sont les objectifs des textes, cartes, photographies et illustrations réunis dans cet atlas critique des politiques migratoires européennes.

      http://www.armand-colin.com/atlas-des-migrants-en-europe-3e-ed-approches-critiques-des-politiques-

      Quelques cartes sont disponibles en libre accès sur le site de Migreurop :
      http://www.migreurop.org/rubrique417.html

    • Migranti raccontati dalle mappe di Migreurop. L’intervista a Filippo Furri tra i curatori dell’Atlante

      L’uscita della terza edizione dell’Atlas des migrants è particolarmente significativa per dare una giusta interpretazione dei fenomeni migratori e delle loro reali ricadute; per far conoscere l’Atlante al pubblico italiano, e in attesa della sua traduzione, abbiamo deciso di intervistare Filippo Furri, membro di Migreurop e della coalizione Boats4people.

      http://www.meltingpot.org/Migranti-raccontati-dalle-mappe-di-Migreurop