enuncombatdouteux

NI ACTUALITÉS NI COMMENTAIRES, ..... DU COPIER-COLLER ET DES LIENS... Un blog de « curation de contenu » : 82 LIVRES , 171 TEXTES et 34 DOCUMENTAIRES :

  • Les Japonaises privées de #MeToo

    http://www.elle.fr/Societe/News/Les-Japonaises-privees-de-MeToo-3665834

    Le hashtag des victimes de violences sexuelles s’est diffusé partout dans le monde. Sauf au Japon, où celles qui brisent la loi du silence risquent menaces et exclusion sociale.

    Non, elle ne souhaite pas changer son nom ou être photographiée de dos : « Oui, j’ai peur mais il faut voir la réalité en face. Depuis que j’ai proclamé #MeToo, en décembre dernier, ma carrière d’actrice est fichue, alors autant parler. » Yumi Ishikawa, 31 ans, est l’une des rares femmes au Japon à avoir osé utiliser ce hashtag. Pourtant, dit-elle, son histoire est celle de centaines d’actrices. « Mon manager m’a poussée dans les bras de deux réalisateurs et d’un producteur, une dizaine de fois. Dans le monde du cinéma, il y a un accord tacite : il faut coucher pour avoir un rôle, surtout celles qui débutent. Je me disais qu’en tant que femme c’était normal d’y passer. Ce n’est qu’avec #MeToo que j’ai pris conscience du problème. » Yumi a d’abord ressenti une libération qui a très vite laissé place à la honte, sous le coup des critiques et des insultes : « Tu es moche », « Tu es une traînée », « C’est honteux pour une Japonaise d’évoquer un tel sujet ».

    Shiori Ito aurait pu lancer le mouvement #MeToo au Japon. Dans son livre « Black Box » (non traduit) publié en octobre dernier, elle dénonce le viol dont elle a été victime par un proche de l’actuel Premier ministre Shinzo Abe. Au moment des faits, il y a trois ans, la police l’a dissuadée de porter plainte, son agresseur présumé n’a pas été inquiété par la justice et elle a même dû s’exiler. De passage à Tokyo, cette journaliste nous explique être la cible de menaces de mort : « Je me sens en danger dans mon propre pays. Après la publication de mon livre, j’ai reçu des dizaines de mails haineux, venant d’hommes mais aussi de femmes, des coups de fil menaçants, jour et nuit, me disant que je devrais mourir. Je me suis d’abord réfugiée chez une amie pendant deux mois et demi. Puis une représentante d’une ONG qui lutte pour les droits des femmes m’a conseillé d’aller à Londres. Le pire, c’est que ma sœur aujourd’hui n’arrive pas à trouver de travail à cause de moi. J’ai coupé les ponts avec ma famille. »

    • #Japon #femmes #viol #mentalité #harcèlement #patriarcat #
      #discriminations #maternité #consentement

      Sur les encarts publicitaires comme sur les plateaux télévisés défilent tous les stéréotypes : mère parfaite ou jeune fille au corps hyper-sexualisé. « On vit encore dans une société dirigée par des hommes, qui s’adresse à eux seuls », résume la professeure féministe d’Osaka. Troisième puissance économique mondiale, l’archipel figure parmi les pays les plus conservateurs et discriminants au monde, avec moins de 10 % de députés et de cadres femmes. Après le premier enfant, la majorité des mères quittent leur travail pour rester à la maison. Selon le dernier rapport du Forum économique mondial sur la parité entre les femmes et les hommes, publié en novembre dernier, le Japon se retrouve 114e sur 144 pays.

      […] Au Japon persiste l’idée que si une fille accepte d’aller boire un verre avec un homme, elle est responsable de son agression ; elle doit savoir se protéger. La loi sur les violences sexuelles rédigée il y a cent dix ans va dans ce sens. « Pour qu’un viol soit qualifié de crime, la victime doit le prouver par des blessures physiques !, s’insurge l’avocate Akiko Mochizuki. On imagine encore qu’une victime est forcé-ment agressée la nuit, par un inconnu surgi de nulle part ! » Elle a créé à Tokyo l’association Tsubomi, l’une des rares structures nationales à s’occuper de victimes de viol. Elle en aide quelque 1 500. Elle salue le combat de la journaliste Shiori Ito grâce à laquelle la loi a été modifiée en juillet dernier : la peine est passée de trois à cinq ans en cas de viol, et les hommes sont aussi considérés comme des victimes de violences sexuelles. Mais pour l’avocate, la lutte est perdue d’avance : dans 99 % des cas, le violeur n’est pas condamné