Benjamin Shevek

B. W. Shevek est un âne.

  • Budget 2018 : pas d’#austérité mais des #inégalités (Pierre Madec, Mathieu Plane et Raul Sampognaro, OFCE Sciences Po Paris)
    https://www.ofce.sciences-po.fr/pdf/pbrief/2018/Pbrief30.pdf

    Dans une étude du 15 janvier 2018, les chercheurs de l’Observatoire français des conjonctures économiques se sont intéressés au #budget2018 :

    en analysant le détail des mesures votées, leur montée en charge et leur impact macroéconomique sur la croissance et le #pouvoir_d'achat des ménages en 2018 et 2019 qu’en évaluant leurs #effets_redistributifs selon le #niveau_de_vie des ménages

    Ils observent notamment que :

    Les mesures nouvelles pour les ménages seraient en 2018 largement au bénéfice des 2 % de ménages du haut de la distribution des revenus, détenant l’essentiel du #capital mobilier. Pour les ménages du bas de la distribution, les revalorisations en fin d’année des #minima_sociaux ne compensent pas les hausses de la fiscalité indirecte pour les ménages qui les subissent.
    Pour les « classes moyennes », ces mesures devraient avoir un impact net nul. Enfin, les ménages situés au-dessus des « classes moyennes » mais en-dessous des 2 % les plus aisés verraient eux leur niveau de vie se réduire sous l’effet des mesures nouvelles.

    Et plus précisément que :

    Les mesures socio-fiscales du budget 2018 devrait accroître de 1,6 % le niveau des ménages appartenant au 5 % les plus aisés (dernier vingtile).

    L’étude note dans ces chiffres un effet du décalage de mise en œuvre dans les mesures annoncées et prévoit lorsque celles seront toutes effectives un rééquilibrage en faveur des classes moyennes, même si ces mesures restent davantage favorables aux plus riches puisqu’“à l’horizon fin 2018” :

    Les mesures étudiées devraient accroître en moyenne de 1,9% le niveau de vie des ménages appartenant au 5% les plus riches.

    et qu’“à l’horizon fin 2019”

    Les mesures étudiées devraient accroître en moyenne de 3,1% le niveau de vie des ménages appartenant au 5% les plus riches.

    À noter que les graphiques pourtant assez éclairants sont réalisés sur des pourcentages et qu’ils passent sous silence les masses financières en jeu. En effet, 2,2% d’élévation du niveau de vie du dernier vingtile est nettement plus considérable en euros qu’une augmentation de 0,2% du premier vingtile. L’utilisation des pourcentages ne permet pas de considérer les écarts en terme de flux dans cette redistribution inégalitaire des 8 milliards d’euros concernés.

    Enfin, comme mentionné par les auteurs, cette étude ne tient pas compte des conséquences de la réduction de la dépense publique qui impactera principalement les classes moyennes et populaire :

    Le coût budgétaire estimé de la mise en place des mesures étudiées est de plus de 8 milliards d’euros pour la période 2018-2019. De fait, la volonté de réduction du déficit affiché par le gouvernement va conduire à financer ces mesures fiscales et budgétaires par une réduction structurelle de la dépense publique, comme cela est décrit dans la première partie de cette étude, et qui est en apparence indolore puisqu’elle ne pèserait ni sur les entreprises ni sur les ménages. Toutefois, cela ne reflète pas la réalité car une part significative de la dépense publique bénéficie directement aux ménages puisque 81 % des dépenses des administrations publiques sont constituées de prestations et autres
    transferts (58 %) et de la rémunération des salariés issus de la sphère publique (23 %). Le revenu disponible brut des ménages (RDB) est également complété par 344 milliards d’euros en transferts en nature des administrations, notamment dans la santé, le logement et l’éducation, transferts extrêmement redistributifs. Une baisse de
    ces derniers aurait pour conséquence directe de creuser le déficit de #redistribution
    mis en lumière.