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  • Que nous apprend l’algorithme de Parcoursup qui a été rendu public ? - Libération

    Avec l’absence de hiérarchisation des voeux, les mécontents risquent d’être plus nombreux qu’avec APB.

    Le ministère a publié, à la veille des premiers résultats de Parcoursup, le contenu de son algorithme. Que dit-il du fonctionnement de ce nouveau dispositif qui a remplacé la très critiquée plateforme APB ?

    Le code est très transparent, mais ne concerne qu’une petite partie de la procédure d’admission

    Des éloges ont été émis par des gens du métier : le code publié est très bien documenté et expliqué. Il est par ailleurs publié sur une plate-forme open source (framagit). Il s’agit donc d’un très net progrès par rapport à l’algorithme d’APB, particulièrement opaque et mal documenté. Il ne concerne cependant qu’une petite partie de la procédure.

    Chaque formation à laquelle un étudiant postule lui attribue un premier classement, qu’elle garde confidentiel, et qui est ensuite traité par un algorithme. Seule cette dernière partie est rendue publique. Les formations doivent, dans un temps limité, départager de très nombreux candidats. Statistiquement, il est certain que nombre d’entre eux ont eu des résultats très similaires, voire identiques. Or, les formations ne pouvaient pas fournir à l’algorithme un classement où plusieurs candidats arriveraient ex-aequo. Malgré toute leur bonne volonté, elles ont donc nécessairement dû avoir recours pour les départager à des méthodes proches de la pifométrie.

    Le classement fourni par les universités ou les formations sélectives est donc ensuite traité par l’algorithme. Le but : respecter pour chaque formation des quotas de boursiers, de résidents de l’académie et de bacheliers des filières technologiques et professionnelles pour les IUT et BTS. L’algorithme remonte dans les classements les candidats concernés jusqu’à ce que les quotas, fixés par le rectorat pour chaque formation, soient remplis.

    Quelle différence avec l’ancien #algorithme ?

    Différence notable avec APB ? Outre une transparence plus grande, l’impossibilité pour les candidats de hiérarchiser leurs vœux lors de leurs choix. Cette différence devrait largement perturber le système. En effet, jusqu’alors, un candidat sélectionné pour son premier choix était automatiquement retiré de la course pour ses autres vœux. Avec Parcoursup, les candidats peuvent garder un oui, mais rester en lice pour leurs vœux en attente au cas où une place se libérerait dans une filière qu’ils préfèrent. Ce qui pourrait créer un embouteillage et placer de nombreux autres candidats en liste d’attente.

    Le nombre de mécontents sera-t-il plus élevé qu’avec APB ? Ce dernier algorithme permettait d’avoir une réponse plus rapide, et de satisfaire le plus grand nomrbre possible de candidats. A l’époque, 81% des candidats avaient immédiatement obtenu une proposition correspondant à l’un de leurs trois premiers vœux. Avec Parcoursup, le ministère envisageait mardi matin qu’environ 50% des candidats devraient avoir reçu au moins une proposition le premier jour.

    Risque de saturation

    Pour tenter d’optimiser son recrutement, chaque filière a pu faire jouer deux critères : un taux d’appels supplémentaire et un rang limite d’appel. Il s’agit d’accepter plus de candidats que la formation dispose de places en postulant que certains choisiront plutôt une autre formation. On appelle cela de l’overbooking.

    On voit tout de suite les problèmes qu’une telle pratique peut poser : une formation qui ouvrirait trop largement son classement risquerait de se retrouver saturée. Les filières faisant le choix inverse risquent d’avoir un nombre d’étudiants largement inférieur à leur capacité, ou de n’attirer que les étudiants du bas du classement, après avoir découragé les étudiants mieux positionnés.

    Étant donné qu’il s’agit de la première année d’existence de Parcoursup, une formation n’a aucun moyen de savoir jusqu’à quel rang ouvrir son classement. Pour les nombreux candidats qui se trouveront sans affectation au moment du bac, #Parcoursup risque d’être une source de stress majeure.

    Lors d’une audition parlementaire en novembre, en présence de responsables d’université, des universitaires avaient pourtant souhaité conserver la hiérarchisation des souhaits, sous peine de revenir « dix ans en arrière ». Le gouvernement ne les a pas écoutés. #APB était relativement efficace mais opaque, Parcoursup, plus transparent, risque de ne pas être plus efficace.
    Savinien de Rivet

    « L’overbooking », de mieux en mieux ici, on dirait qu’on parle des techniques de réservation pour des vacances. Le but (et la conséquence) sera de limiter le peu de mobilité sociale qui peut exister en France, même si on est déjà complètement nul là-dedans et enlever le peu d’espoir qu’il restait à tout un pan de la jeunesse qui rejoindra ceux qui ont déjà été éjectés du système scolaire bien plus tôt. Si ça perdure ça aura juste pour effet de préparer la prochaine révolution des quartiers populaires à qui il ne restera même plus les miettes qui pouvait être grappillées.
    #sélection #discriminations #éducation #université #enseignement_supérieur