Que reproche-t-on a Parcoursup ?
Les éléments contestés sont notamment :
– Le fait que les formations choisissent dorénavant les étudiants et non plus les étudiant·e·s qui choisissent leur formation. C’est donc l’introduction officielle de la sélection à l’Université.
– Le fait que les critères de sélection propres à chaque formation sont opaques et éventuellement problématiques éthiquement.
– Le fait que les étudiant·e·s ne peuvent plus hiérarchiser leurs choix comme dans #APB, ce qui généralise l’incertitude y compris stratégiques même pour les élèves ayant eu des réponses positives mais pas à la formation qui a leur préférence.
– Le manque de moyens des formations pour réellement étudier les différents éléments du dossier, notamment les informations qualitatives (lettre de motivation, fiche avenir).
– Le fait que les éléments du dossier dépendent du lycée, voire des enseignant·e·s, du type de notation. L’évaluation sur laquelle est basée la sélection est donc en partie arbitraire et le baccalauréat, évaluation nationale, intervient après le classement algorithmique des candidat·e·s.
– Les dysfonctionnements induits comme la tentation pour certaines formations moins prisées de pratiquer l’overbooking.
– Le fait que le réel problème, “l’insuffisance de places et de moyens”, disparait des analyses médiatiques et du traitement politique alors même que le boom démographique des générations 2000 était (pré)visible depuis au moins leur arrivée en petite section de maternelle, il y a 15 ans…
Comment les élèves ont été classés dans Parcoursup (Faïza Zerouala, Médiapart)
▻https://www.mediapart.fr/journal/france/220518/comment-les-eleves-ont-ete-classes-dans-parcoursup
Si le ministère a rendu public l’algorithme de classement, les critères utilisés en amont dans les universités pour ordonner les dossiers restent opaques.
Parcoursup, une certaine vision de la société (Louise Tourret, Slate.fr)
▻http://www.slate.fr/story/162111/parcoursup-certaine-vision-societe
L’ancien algorithme attribuait les places en fonction du classement des élèves et des places disponibles. Tout le monde n’était pas content, des élèves étaient en attente au moment de passer le bac ; il y a eu des tirages au sort pour certaines filières. Les mécontents et mécontentes étaient minoritaires, mais ce choix de sélection, avec le hasard comme juge de paix, a largement scandalisé.
Le nouveau système met tous les acteurs dans une logique totalement différente.
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Du côté des universités, Parcoursup instaure, en creux, une sorte de sélection en obligeant les facs à regarder qui s’inscrit dans leurs cursus. Sans beaucoup de moyen et sans beaucoup de transparence parfois, celles-ci ont mis en place leur propre système de classement.
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Parcoursup n’est finalement qu’un avater de la numérisation de notre société. Tout était censé être plus simple mais tout est plus compliqué pour les individus, vous, moi, nos enfants. Il faut se conformer à un mode d’organisation numérique et s’y adapter en étant non pas plus réflexif mais plus connecté, et surtout, plus patient. Parcoursup est pleinement un outil contemporain : c’est nous qui nous adaptons à la « machine » au système, et devons en fluidifier le fonctionnement.
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En organisant ainsi l’orientation et donc la vie des élèves, l’institution prend une énorme responsabilité. Et en montant au front pour défendre leur plateforme, les ministres Vidal et Blanquer ont surtout défendu une vision du monde, une manière d’organiser la vie et l’avenir.
#éducation #post-bac #Parcoursup #orientation #éducation_supérieure #algorithme #sélection