L’année dernière un collègue dont le hobby est de fabriquer des enceintes dont le principe est assez génial, un seul speaker (et quel !) par enceinte et les basses prennent un chemin différent dans une sorte de grand tunnel à la courbe très élégante (au sortir de laquelle, en mattant la main on se faisait caresser par les basses, à se faire prendre par la main par Hélène Labarrière !), ce collègue voulait absolument me les faire essayer. On organise un échange de prisonniers dans le garage du travail. Je branche ses monstres et là, stupéfaction : épouvantable pour toute la musique classique, le jazz n’en parlons pas, les Beatles entièrement dénaturés au niveau des voix, Zappa pareil mais surprise, pour toute la musique improvisée, c’était à se damner, c’était comme d’être au premier rang aux Instants, même qu’une amie musicienne improvisatrice qui passait un jour à la maison aurait voulu se les acheter. Hélas, le prix.
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Il n’empêche, pour les lui rendre après un mois et le remercier de cette expérience curieuse, je l’ai invité à déjeuner à la maison pour qu’il se rende compte que mes enceintes étaient tellement plus naturelles et chatoyantes que le siennes, je lui ai malgré tout passé quelques disques de musique improvisée (notamment Otomo Yoshihide qui sonnait incomparablement sur ses enceintes), il n’avait jamais rien entendu de tel, c’était assez drôle. Cette non-rencontre.
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Il y a une dizaine d’années, je suis allé chez une othorhinolaryngologue pour éventuellement dépister des polypes sur mes cordes vocales (aphone que j’étais depuis trois semaines - c’est à cette occasion que j’ai appris à mener un entraînement de rugby en mime et sifflet, j’aurais du faire breveter la méthode c’était remarquable de pédégogie), par bonheur, rien, si ce n’est cette expérience curieuse, l’othorhinolaryngologue une toute petite femme, peinant à faire le tour de ma carcasse, finalement, avec ma permission, s’installant presque sur mes genoux, pour me rentrer un fribroscope et me donner à voir sur un écran de contrôle tout le larynx et deux petites choses blanches vibrant comme des cordes de guitare affolées, les cordes vocales. Pendant qu’elle y était, comme elle a dit, elle a inspecté mes oreilles dans lesquelles il y avait à redire, deux petits bouchons de cire qu’elle a extraits, je me souviens que rentré à la maison, j’ai mis un disque de l’Art Ensemble of Chicago que je croyais connaître par coeur, c’était comme si j’avais ressuscité Lester Bowie !
Vu que l’ampli est réparé, qu’il y a une nouvelle cellule sur la platine et des câbles neufs vers les enceintes, je me demande si je ne devrais pas reprendre rendez-vous chez l’othorhinolaryngologue.