#fraternité #sexisme #discrimination
Je souligne la lâcheté de ce macho
Le 9 mars 2016, lors d’une manifestation contre la loi sur le travail, un militant du syndicat du nettoiement lance au micro « Michel et Jacquie, occupe-toi d’El Khomri », référence directe au site pornographique « Jacquie et Michel » et à la ministre du travail de l’époque. Le 1er mai 2016, les slogans visent cette fois-ci directement une militante CGT, qui passe près du camion du syndicat du nettoiement, reconnaissable entre mille grâce à son étoile rouge et noir et ses deux mannequins revêtus de tenues d’éboueurs qui trônent sur le toit. « On va vous baiser, on va vous baiser », crache le haut-parleur. Peu après, au micro, Régis Vieceli invite les femmes à une soirée organisée à l’incinérateur d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), alors occupé par son syndicat, et propose aux militantes « 3 préservatifs et 2 mojitos, et si on n’est pas de la CGT, 2 préservatifs et 3 mojitos ».
Dans ce dossier, le syndicat du nettoiement et la Fédération des services publics ont en effet régulièrement minimisé les faits ou botté en touche. En mars 2016, pour répondre aux protestations officielles de plusieurs syndicalistes, dont les responsables de l’UD de Paris, sur le slogan associant Myriam El Khomri à « Michel et Jacquie », le syndicat du nettoiement s’est par exemple fendu d’un courrier dénonçant celles qui jouent « les vierges effarouchées plutôt que se battre ». Le courrier assure que le slogan faisait tout bonnement référence « à deux de nos camarades retraités que nous avions le plaisir d’accueillir dans la manif ».
Et la promptitude des agresseurs misogynes à se victimisé.
À la fin de l’année 2016, une pétition hostile aux accusations contre le leader syndical a par exemple circulé au sein de l’US. « Le fait de prendre parti pour la femme sans attendre de connaître l’ensemble des versions des faits démontre que la mentalité de certain(e)s n’a pas changé sur la supériorité de l’homme qui serait le sexe fort et sur la femme qui serait inférieure à l’homme », assurait le texte. « Nous refusons cette image rétrograde, dévalorisante et infantilisante de la femme. Tout comme l’image de l’ouvrier alcoolique, violent… », poursuivait-il.
Sur la porte du local attribué au syndicat du nettoiement à la Bourse du travail de République, une affiche expose d’ailleurs la doctrine locale : « Ici on peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui ! » C’est-à-dire pas avec « les fachos, les collabos, les anti-communistes, les casseurs de la CGT, les briseurs de grève », ni avec « les homophobes, les sexistes, les misogynes » ou… « les misandres ». La misandrie, cette hostilité à l’égard des hommes, est apparue dans le vocabulaire local à la suite de l’incident du 2 décembre et de ses conséquences.