• Gros coup de mou chez Navires & Histoire, n° 109 août-septembre 2018…

    Frédéric Stahl y tient (y tenait ?) sous le nom de Chronique du monde accidental une chronique bimestrielle des faits quotidiens maritimes avec une vision géopolitique indépendante. Charge de travail véritablement ahurissante, dont il s’est plaint à diverses reprises pour un résultat qui partageait son lectorat entre les fans, avides d’une source indépendante, et les râleurs qui trouvaient que la politique engagée (ie qui ne reproduit pas la doxa officielle) n’a pas sa place dans une revue d’histoire maritime, par ailleurs de haut niveau (bon, ok, il y a des chances que je caricature un peu…)

    Bref, dans ce numéro, le lecteur a droit à Quelques actualités relatives
    – à l’offensive (ratée) sur Hodeida (arrêt du fil au 5 juillet)
    – au traitement (si l’on peut dire) des migrants par l’UE
    – la liste des franchissements du Bosphore (dans les 2 sens) des navettes du Syrian express en mai et en juin
    – et quelques brèves d’actualités.

    • Chapeau et fin de la partie de la chronique sur les migrants

      Le silence de l’amer
      Abandonnée par la Communauté européenne, l’Italie, par étapes, a peu à peu fermé la porte de la Méditerranée centrale aux migrants. Dans un tel contexte, il est devenu de plus en plus dur, puis quasiment impossible de trouver des informations fiables sur le drame des migrations à travers notre «  Mare internum » , même et surtout depuis que le flux est devenu un filet d’eau avec des franchissements au compte-gouttes suite à l’accord passé entre les autorités de Rome et diverses milices de la région de Tripoli. Ici, celle de Misrata (Misurata), pompeusement appelée «  garde-côtes  » arme huit vedettes « Stan Patrol 1650  » Burdj, Sloug, Besher, Izreg, Talil, Famiens, Tukra et deux remorqueurs armés dont le Almergheb. Elle rivalise avec les «  garde-côtes officiels  » de Tripoli et de Zawiya soutenus par l’Italie. Le paradoxe, c’est que c’est au moment où la pression migratoire est la plus faible, puisqu’elle est tombée de 1 010 000 en 2015 à 172 000 en 2017 et à seulement 43 000 pour les six premiers mois de l’année 2018 (dont seulement 16 000 par la route italienne), que les arrivées de migrants génèrent une crise majeure pour l’Europe. C’est dans ce contexte que la route des colonnes d’Hercule, celle de l’Espagne (via le détroit de Gibraltar, la mer d’Arborant ou les Canaries) va être fréquentée par un grand nombre de petites embarcations et de dérisoires objets flottants.
      […]
      Début juillet, au moment de remettre ce numéro à l’imprimeur, dans l’indifférence générale, d’autres naufrages faisant au moins 339 victimes sont signalés au large de la Libye… À partir du moment où les migrants meurent dans les eaux libyennes, cela n’est plus un sujet d’information.