• Accusé d’avoir forcé un patron de bar à lui baiser les pieds, le commissaire se défend - Le Parisien
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    Parole contre parole. Et désormais plainte contre plainte. Selon nos informations, le commissaire de La Courneuve (Seine-Saint-Denis), Emmanuel Boisard, vient de déposer plainte auprès du parquet de Bobigny pour « dénonciation calomnieuse » et « diffamation ». Ce même parquet avait été saisi début août par Temim Ben Abdallah, un patron de bar du Bourget, lequel accusait le commissaire Boisard de l’avoir forcé à s’agenouiller pour lui baiser les pieds, lors d’un contrôle de police le 19 juillet dernier.

    Dans cet imbroglio, révélé par le Point, une seule chose est certaine : sur les images tournées par la vidéosurveillance, désormais en possession des enquêteurs de l’IGPN - la police des polices -, on distingue bien Temim Ben Abdallah à quatre pattes, le nez sur les chaussures du commissaire. Mais en l’absence de son, le pourquoi de cette étrange position reste un mystère.

    Pour Temim Ben Abdallah, patron de la Sirène, désormais défendu par Me Yassine Bouzrou, ce dérapage est l’aboutissement d’un processus de harcèlement débuté à l’automne 2016, lorsqu’il a repris cet établissement. L’homme dénonce un climat de violences policières à son encontre. C’est que, depuis cette date, les forces de l’ordre le soupçonnent d’abriter un trafic de stupéfiants, ainsi que de la prostitution.

    Ce 19 juillet au soir, d’après le patron de bar, il se trouve dans l’arrière-cour du café aux côtés d’un gardien de la paix et du commissaire Boisard, lors d’un contrôle diligenté sur réquisition du parquet. « Le second en deux ans, ni plus ni moins qu’un autre établissement », rappelle une source policière.

    Emmanuel Boisard aurait déclaré au cafetier qu’il savait qu’il « l’insultait par derrière. » Et lui aurait alors ordonné, en guise de représailles, de s’agenouiller pour lui embrasser les pieds. « Effrayé par les conséquences que son refus pourrait avoir », selon les termes de sa plainte, que nous avons pu nous procurer, le patron de bar « était alors contraint de s’exécuter ».
    Une seconde procédure pour « intimidation »

    Une semaine plus tard, selon le même, trois policiers de La Courneuve se seraient à nouveau présentés dans son établissement, cette fois pour le « convaincre » de ne pas donner de suites judiciaires à l’affaire. Temim Ben Abdallah, après avoir contacté l’IGPN dès le lendemain des faits, a alors lancé une seconde procédure le 1er août, cette fois pour « menaces ou actes d’intimidation en vue de déterminer une victime à ne pas déposer plainte ».

    Me Bouzrou, qui n’a pas souhaité faire de commentaire, indique dans sa plainte que son client est « particulièrement choqué, et a ainsi consulté un médecin qui lui a diagnostiqué un trouble anxio-dépressif ». De fait, de source proche du dossier, on reste circonspect sur la stabilité de l’intéressé. « Il s’est précipité sur les pieds du commissaire, en faisant des jérémiades », décrit un témoin de la scène. Une autre source relève que la Sirène, dont les riverains se plaignent des nuisances, a fait l’objet d’un mois de fermeture administrative en février, suite à « l’emploi d’étranger sans titre » découvert lors d’un premier contrôle à l’automne dernier.

    Quant à Emmanuel Boisard, ses collègues prennent sa défense. « C’est un gars nerveux, qui lâche rien et peut aller au clash verbalement, commente un fonctionnaire qui le croise régulièrement. Il a d’ailleurs déjà eu des soucis pour ça. Mais l’imaginer faire un truc comme ça, franchement, non, je n’y crois pas.