#MeToo : le retour de bâton médiatique… dans les pages de L’Obs
►http://www.slate.fr/story/165545/hommes-apres-metoo-dossier-lobs-masculinite-retour-baton-mouvement-feministe-e
Les fameux hashtags ont été lancés en octobre 2017 (le mouvement Me Too, lui, existe depuis 2007). Cela fait donc dix mois, durée suffisante pour que tout être pourvu d’un cerveau puisse entreprendre une phase d’introspection. Autrement dit, depuis octobre, tout homme se sentant concerné aurait eu le loisir de se mettre enfin à réfléchir sur lui-même, de prendre conscience de ses privilèges, de réaliser qu’il a, d’une façon ou d’une autre, contribué à cette gigantesque entreprise de maltraitance des femmes.
Il semble déjà assez aberrant que tant d’hommes aient dû attendre l’éclosion des hashtags et la prolifération de reportages dans les médias (une prolifération éphémère, comme un effet de mode) pour réaliser qu’autour d’eux, partout, tout le temps, des femmes vivaient en insécurité parce qu’elles étaient traitées comme des êtres inférieurs et/ou des objets sexuels. Mais admettons. Admettons que, par inattention, ils n’aient rien vu jusque-là (« Je ne m’étais jamais rendu compte », m’a dit un proche, un peu penaud). #MeToo et #BalanceTonPorc étaient justement là pour les aider à ouvrir enfin grand les yeux sur ce problème dont ils sont la cause.
Dix mois après, il est temps de faire le bilan, non ? Le dossier de L’Obs est parfaitement représentatif de l’avancée (ou de la non-avancée) des opérations. Quatre pages de reportage sur un camp proposant aux hommes d’« explorer leur masculinité », durant un stage de deux jours (dont, au passage, la non-mixité ne dérange personne alors qu’elle crée la polémique ailleurs), c’est très bien, parce que la pensée masculiniste doit être combattue.
Mais quel est l’effet de ce reportage au sein d’un tel dossier ? Détourner une nouvelle fois les yeux des problèmes du quotidien. Pour un homme, lire un article sur des types qui vivent nus dans la forêt en scandant des psaumes à la gloire de leur masculinité, c’est finalement assez rassurant. On se dit que ces types sont fêlés, que leurs femmes n’ont pas de bol, et puis on tourne la page sans se poser de question sur soi-même. Pourquoi le faire, puisqu’on est forcément moins extrême que ces mecs ?