• Salah Hamouri, un an dans les limbes de la justice israélienne
    Libération - Par Guillaume Gendron, Correspondant à Tel-Aviv — 26 août 2018 à 20:06
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    Né à Jérusalem d’un père palestinien et d’une mère française, le binational de 33 ans a passé la moitié de sa vie d’adulte en prison. Denise Hamouri, qui vit toujours à Jérusalem-Est, égrène les sentences : « Trois mois de prison au lycée pour avoir collé des affiches, quatre mois à la fac, puis sept ans. »
    Icône

    La dernière correspond à sa condamnation en 2005 pour sa participation, selon la justice israélienne, à une cellule du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) qui planifiait l’assassinat d’Ovadia Yossef, grand rabbin cofondateur du parti religieux Shass. Malgré l’absence de preuve matérielle, Hamouri, qui n’a jamais reconnu les faits, avait choisi de plaider coupable en échange d’un accord divisant la peine encourue par deux.

    Durant son incarcération, il devient l’icône des réseaux français pro-palestiniens qui le considèrent comme un « prisonnier politique » et réclament sa libération, alors que la France, présidée par Nicolas Sarkozy, s’affaire sur le sort de Gilad Shalit, ce soldat franco-israélien tombé aux mains du Hamas.

    A sa sortie de prison en 2011 (dans le cadre des accords Shalit, justement), Hamouri, qui a entamé des études de droit à l’ombre, enchaîne les conférences et rejoint Addameer, une association de soutien aux prisonniers palestiniens. Il épouse la fille du président de son comité de soutien, l’ex-député communiste Jean-Claude Lefort.

    Pour Elsa Lefort, expulsée d’Israël en janvier 2016 avec le jeune fils du couple, c’est ce non-renoncement au militantisme qui est visé par les autorités israéliennes : « A chaque retour en Israël, il était interrogé, on lui mettait la pression : "Pourquoi tu ne restes pas en France, un si beau pays… Tu n’y auras pas de problèmes…" Le but est de le pousser à quitter Jérusalem. » La dernière arrestation d’Hamouri, souligne Elsa Lefort, a eu lieu trois jours après qu’il a passé l’examen du barreau palestinien.