Articles repérés par Hervé Le Crosnier

Je prend ici des notes sur mes lectures. Les citations proviennent des articles cités.

  • Pour l’écologie, la majorité politique introuvable - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/300818/pour-l-ecologie-la-majorite-politique-introuvable

    par Jade Lindgaard

    Le drame de l’inaction gouvernementale ne peut pas se résumer à l’effet des lobbies, aussi délétère soit-il. Aucun parti écologiste n’a jusqu’ici gagné d’élections nationales importantes, celles qui font accéder au niveau d’exercice du pouvoir nécessaire au changement de système de production, d’organisation sociale et de mode de vie requis pour réduire massivement les émissions de gaz à effet de serre. Ce n’est pas qu’un problème français : le même blocage électoral s’observe aux États-Unis, au Canada, en Europe, en Amérique latine. Les sociétés démocratiques occidentales ne portent pas au pouvoir les forces écologistes.

    Des raisons profondes expliquent cette situation : la prédominance de la lecture économique du monde, le matérialisme hédoniste forgé par la croissance d’après la Seconde Guerre mondiale et la société de consommation, la peur du changement et de perdre ce qu’on a – surtout quand on possède peu –, le conservatisme des représentations culturelles, la montée des xénophobies et du chacun-pour-soi, la piètre offre politique des écolos.

    Mais pendant ce temps, l’écosystème se dégrade à un rythme accéléré. À quelques semaines de la parution d’un nouveau rapport du GIEC, début octobre, les preuves de la catastrophe climatique s’accumulent. La situation est aujourd’hui pire que ce que l’on pouvait prévoir il y a quelques années.

    Le constat sur la gravité des destructions irréversibles en cours et l’explication de ses causes sont à portée d’yeux et de mains pour toute personne qui veut se donner la peine d’y accéder. De nombreux médias les relaient. Mais il ne suffit pas de savoir pour agir. Longue est l’histoire de la dissonance cognitive sur le climat. Le foisonnant article publié cet été par le New York Times Magazine, Losing Earth : the decade we almost stopped climate change, en offre la démonstration : dès les années 80, des conseillers de la présidence des États-Unis étudiaient les causes et les effets du dérèglement climatique. Résultat sur la politique américaine ? Rien, ou presque.

    Dans ces conditions, comment réconcilier la réalité des faits, des atteintes irréversibles et en chaîne à notre milieu de vie, et la mise en marche démocratique de nos sociétés vers la justice climatique ?

    C’est cette discussion que nous devrions avoir aujourd’hui : quels modes d’action imaginer pour être à la hauteur de la brutalité des événements climatiques en cours ? Ils doivent être radicaux, au sens étymologique : prendre les problèmes à leurs racines. Ils ne peuvent être uniquement pensés sur le mode de la contrainte : les discours sur la décroissance, la réduction de l’empreinte écologique, les limites de consommation sont inaudibles pour les pauvres et les précaires. Ils doivent aller dans le sens de la justice sociale et contre les inégalités de genre et de race supposée, sinon ils ne pourront que contribuer à l’accroissement des injustices. La révolution énergétique à mener entraînerait un tel bouleversement du cadre économique qu’elle doit être totalement redistributive afin d’être acceptable socialement.

    #Climat #Ecologie_politique