Philippe De Jonckheere

(1964 - 2064)

  • Il y a quatre ans dans les Cévennes, une sortie exceptionnelle de girolles (et quelques pieds-de-moutons plus timides) avait conduit mes enfants à une forme de grève de la faim, les filles, notamment, n’en pouvaient plus de manger de la girolle à tous les repas, je ramassais quatre cinq kilos tous les matins en moins d’une heure à moins de cinq cents mètres du hameau, j’ai du promettre d’arrêter d’en cuisiner. Un matin cependant, allant me promener matinalement dans la forêt, je passe devant un châtaignier littéralement pris d’assaut, à ses racines, par une gigantesque corolle de petites corolles orangées. Quand les filles se sont levées elles m’ont (sévèrement) sermonné, elles n’en voulaient pas dans leur assiette. J’ai nettoyé mes trois petits kilos et, un peu dépité, je me suis dit que je devrais essayer d’en faire de la confiture. Il me restait assez de sucre après une campagne de confitures de reines-claudes, je me revois verser tout ce sucre sur les girolles ne me pensant mûr pour l’asile.

    Ces confitures furent un succès retentissant.

    Cette année la récolte a été nettement plus modeste, c’était même beaucoup de travail d’en trouver, je n’ai jamais vu une sortie aussi dispersée. J’ai refait une tentative de confiture cette fois avec quelques raisins sec des pignons de pin, un régal.

    Et pour le fond de la marmite une tentative de chutney avec du vinaigre basalmique et de poivre tend à laisser penser que je suis allé trop loin.

    Je repensais à tout ça ce matin constatant le prix astronomique des girolles sur le marché et me disant, dire que j’en fais des confitures parfois !

    Quelques indications de recette malgré tout (des fois que vous viviez près d’un bois fécond), ça vaut la peine de mettre un peu plus de sucre, tant pour tant par exemple, couper les plus gros spécimens en deux pour éviter de se retrouver avec des fruits curieux sur sa tartine dans quelques mois au petit déjeuner, ne surtout pas ajouter de gélifiant, tel que l’agar agar le champignon à l’instar de la pomme contenant son propre gélifiant. Arrêter la cuisson quand les « fruits » sont translucides. Idéal pour accompagner une brousse ou même un formage de chèvre, le pélardon moelleux par exemple (que les enfants et moi aimions bien déguster avec du miel, une autre de nos hérésies).