Il me semble que cela est révélateur de plusieurs choses :
1. La sensibilité persistante et clivante des thématiques autour de ce que les mouvements réactionnaires appellent « éducation sexuelle ». Derrière cette dénonciation récurrente d’outils pornographiques fantasmées, c’est bien l’éducation à l’égalité filles-garçons, au genre, à la sensibilisation aux violences faites aux femmes/filles qui est visée. Ainsi que les mouvements qui portent cette éducation.
2. Les gens (de toutes classes sociales et de tous niveaux d’éducation) sont prêts à croire n’importe quoi en abdiquant tout esprit critique si ça va dans le sens de leurs peurs, de leurs angoisses, de leurs phobies. Et les réseaux sociaux en sont un terribles accélérateurs.
3. Il y a une perte de confiance totale des familles, y compris celles qui sont au quotidien en relation avec les équipes éducatives, dans l’Institution scolaire. L’École, en tant qu’Institution, est tellement éloignée, tellement « contre » certaines populations, tellement stigmatisante ou perçue comme un outil oppressif et de contrôle que finalement il est envisageable que dans cette « boîte noire » des enseignant·e·s malveillant·e·s donnent des cours de masturbation à des gamins de 6 ans à l’aide de matériel pornographique… ce qui donne la mesure de l’éloignement de l’École et des populations dans certains quartiers, à l’heure où le ministre décline dans tous les médias son slogan de « l’École de la confiance ».
Si sur ce dernier point, je rejoins @ninachani, je nuancerais par quelques interrogations.
– Dans le quartier, il y a des communautés musulmanes de plusieurs origines, elles ont été réceptives à cette rumeur de manière assez différenciées et je me demande quelles sont les dynamiques spécifiques à l’œuvre.
– Des familles avec qui nous avons des rapports de confiance, avec qui nous avons partager notre volonté d’ouvrir l’école, qui connaissent la teneur des interventions sur l’égalité filles/garçons ont quand même été inquiétées par cette rumeur.
– Le fait que la question pornographique nous est en quelque sorte retournée puisque certaines des familles les plus véhémentes aujourd’hui sont aussi celles que nous avons pu interroger dans le passé sur l’accès de leurs garçons à du matériel pornographique ou sur des attitudes problématiques envers des filles.