• LesInrocks - Suède : comment expliquer l’explosion de l’extrême droite alors que l’économie est au beau fixe ?
    https://www.lesinrocks.com/2018/09/05/actualite/suede-comment-peut-expliquer-lexplosion-de-lextreme-droite-alors-que-lec

    Pourtant, la montée du populisme, doublée d’un refus massif et violent de l’immigration, ne va pas forcément de pair avec une économie battant de l’aile. Selon l’expression du spécialiste des droites radicales, Jean-Yves Camus, cette montée est caractéristique d’un « populisme de prospérité ». Un concept, souvent propre aux pays scandinaves, qui émerge dès les années 1970 lorsque « ceux qui possèdent une part plus ou moins importante de la richesse refusent de la partager » et développent ainsi des valeurs inégalitaires, xénophobes et ultranationalistes.

    La progressive normalisation d’un parti aux relents nazis

    Pour autant, l’arrivée au pouvoir de ces « populismes de prospérité » n’est pas forcément évidente. Elle sous-tend avant tout une normalisation du SD, ou du moins « en partie, sinon il ne recueillerait pas 20% des intentions de vote », nous explique ainsi Jean-Yves Camus. « Mais il se heurte (pour encore quelques jours ?) à un cordon sanitaire qui s’explique par ses racines dans l’extrême-droite des années 1980 et la présence en son sein jusqu’au milieu des années 1990 de militants néo-nazis avérés. » Le cas suédois est d’ailleurs unique, selon le membre de l’Observatoire des radicalités de l’institut Jean Jaurès. En effet, les « partis populistes anti-immigrations des autres pays scandinaves sont, au départ, fondés par des militants conservateurs radicalisés sur la question de l’immigration mais aussi très focalisés sur le poids excessif de la fiscalité et de l’Etat ».

    L’ascension du SD, l’emmenant vers des hauteurs électorales inattendues, ne date pas d’aujourd’hui. Les années 1990 ont été celles d’une coopération avec le Front National avant de cesser. Pour autant, l’expérience est fructueuse et permet de tirer des leçons, selon Jean-Yves Camus.