• « C’était absurde, violent, traumatisant » : des Français face aux dérives de l’état d’urgence
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    « Mon frère s’est retrouvé accusé de terrorisme. Il n’y a pas pire dans l’échelle de l’infamie. Il a été assimilé à ce qu’il déteste le plus : une frange de l’islam qu’il ne connait pas, où il ne se retrouve pas. J’ai l’impression que moi-même j’ai intériorisé cette infamie, à mon corps défendant. C’est tellement choquant que je n’arrive pas à extérioriser ce qui s’est passé. Je suis universitaire, j’ai pris plein de notes, ai fait tellement de courriers et pourtant je n’arrive pas à dire avec des mots ce qui s’est passé. Mais je ne veux pas sombrer dans le pathos.

    La pire gifle a été pour moi de lire les jugements concernant mon frère. J’ai compris que compte tenu de ce qu’on avait mis dans le dossier, on avait affaire à des juges qui se sont contentés de prendre des petits bouts de faits, sans regarder l’ensemble. Après tout, c’est leur travail de confronter les accusations aux éléments apportés. Dans le dossier épais qu’on avait constitué, le juge a pourtant un copier-coller de notes blanches. Un de mes étudiants fait cela, je lui mets 0. Qu’est-ce que ce juge voulait nous dire ? Que nous ne sommes pas Français ? D’accord, nous l’avons compris. Mais sommes-nous criminels pour autant ?