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Académie ESJ, et cacadémie esj

  • Ce lundi soir, le prix de l’électricité sera anormalement élevé sur les marchés de gros en Belgique J-Fr. Noulet avec S. Heynderickx et M. Allo - 22 Septembre 2018 - RTBF
    https://www.rtbf.be/info/economie/detail_ce-lundi-soir-prix-de-l-electricite-anormalement-eleve-pour-la-belgique-

    L’expert en énergie de l’ULG, le professeur Damien Ernst, tire la sonnette d’alarme. Observateur avisé des marchés de l’électricité, il a remarqué que sur le marché de gros, la « bourse » où se fixe le prix de l’électricité, par le biais de l’offre et de la demande, la Belgique se retrouvera dans une situation très défavorable ce lundi 24 septembre à 21 heures.

    Le prix du mégawatt sera dix fois supérieur au prix moyen observé dernièrement. « L’électricité est une commodité qui se vend d’heure en heure sur les marchés de gros. Ce qu’on observe lundi, vers 21 heures, c’est un prix de 411€ par mégawatt/heure pour l’électricité. C’est de l’ordre de dix fois la moyenne du prix observé pour l’électricité en 2017. Et plus important, on remarque que ce prix de 411 euros est uniquement observé en Belgique. Il est assez élevé mais reste plus ou moins normal sur les autres pays », explique Damien Ernst.
    Ce prix sera observé à 21 heures. Il devrait ensuite redescendre vers des valeurs moins élevées. Mais, Damien Ernst juge la situation inquiétante car cette augmentation intervient tôt en fin d’été : «  ces pics de prix risquent de se prolonger et d’être de plus en plus fréquents dans les mois qui viennent parce que le froid arrive, avec plus de consommation d’électricité. Et aussi parce qu’en novembre, on passe de 2000 MW de nucléaire à 1000 MW. On perd encore un réacteur de nucléaire. Cela va favoriser la fréquence de ces pics de prix sur les marchés qui vont se répercuter sur la facture du consommateur », l’expert en matières énergétiques.

    Le fait de ne pouvoir actuellement compter que sur une partie des réacteurs nucléaires installés sur le territoire pénalise le marché belge. « On a juste 2000 MW de nucléaire sur les 6000 installés. C’est principalement cela qui explique ce pic de prix, ce 411 euros par MW. C’est déjà extrêmement tendu sur les marchés. Cela signifie qu’on est tout proche de notre limite en terme de sécurité d’approvisionnement », poursuit Damien Ernst.

    Les conséquences pour le marché belge ?
    « Cela veut dire une explosion de la facture d’électricité pour les gros consommateurs et aussi pour tous les clients résidentiels qui sont soumis à un contrat à prix variable. Tous les clients qui ont un contrat à prix variable vont le voir, c’est un impact immédiat. Les clients qui ont un contrat à prix fixe verront au terme de leur contrat prix fixe, lorsqu’ils vont le renouveler, qu’ils sont exposés à un prix de l’électricité beaucoup plus élevé que celui qu’ils payent à l’heure actuelle », selon Damien Ernst.

    Ce pic risque surtout d’avoir des conséquences pour les gros consommateurs, principalement les industries gourmandes en électricité : « Les industries sont plus exposées que les ménages à ces volatilités sur les marchés de gros. Elles risquent de voir, au cours de cet automne leur facture d’électricité augmenter de 40 à 50%, voire plus, par rapport à ce qu’elles payaient l’année passée », estime Damien Ernst.

    Mais les ménages ne seront pas épargnés si ces prix élevées devaient perdurer sur les marchés de gros. Selon Damien Ernst, pour un ménage moyen, cela pourrait représente un surcoût de 100 à 150 euros en plus par an. Ce montant pourrait être plus élevé si les prix de l’électricité continuaient leur croissance.

    Que faire ?
    Selon le professeur, la marge de manœuvre est étroite à l’heure actuelle. Si les prix de gros de l’électricité sont plus élevés pour la Belgique que pour d’autres pays, c’est aussi parce que les capacités d’importation sont limitées : « Si on n’avait pas une limite sur la capacité d’électricité qu’on peut importer, notre prix serait similaire aux prix observés sur les autres marchés européens. Il faudrait changer la doctrine de gestion des réseaux électriques pour pouvoir importer un maximum d’électricité. Mais c’est une situation sur laquelle on a peu de contrôle actuellement », conclut Damien Ernst.

     
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