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      Crise Sociale

      Crise Sociale
      4.octobre.2018 // Les Crises
      En route vers le servage. Par Chris Hedges
      crise sociale, USA
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      Source : Truthdig, Chris Hedges, 26-08-2018

      Une manifestation en 2016 dans le Zuccotti Park de Manhattan, où le mouvement d’occupation de Wall Street a commencé cinq ans auparavant. (Corinne Segal / pbs.org)

      Vous connaissez les statistiques. L’inégalité du revenu aux États-Unis n’a pas été aussi prononcée depuis plus d’un siècle. Dix pour cent des plus riches détiennent 50 % des revenus du pays, et 1 % détient 20 % des revenus du pays. Un quart des travailleurs américains ont des salaires inférieurs à 10 $ de l’heure, ce qui les place sous le seuil de pauvreté, alors que le revenu du PDG moyen d’une grande entreprise est plus de 300 fois supérieur au salaire de son employé moyen, une augmentation massive étant donné que dans les années 1950, le PDG moyen gagnait 20 fois plus que son employé. Cette inégalité des revenus est mondiale ; 1 % de la population mondiale contrôle 40 % de la richesse mondiale. Et la situation s’aggrave.

      Quelles seront les conséquences économiques et politiques de cette inégalité ? Jusqu’à quel point la situation va-t-elle empirer avec l’imposition de programmes d’austérité et d’un nouveau code fiscal qui réduit les taux d’imposition des sociétés, permettant aux entreprises de thésauriser ou de racheter leurs propres actions au lieu d’investir dans l’économie ? Comment allons-nous survivre alors que les primes d’assurance-maladie augmentent constamment et que les programmes sociaux et d’aide sociale tels que Medicaid, les subventions Pell et les coupons alimentaires sont réduits ? De plus en vertu de la révision du code des impôts signée par le président Trump en décembre, les taux vont augmenter à long terme pour la classe ouvrière. Au cours de la prochaine décennie, la révision coûtera environ 1 500 milliards de dollars au pays. Où cela va-t-il s’arrêter ?

      Nous vivons dans un nouveau féodalisme. Nous avons été dépossédés du pouvoir politique. Les travailleurs sont piégés dans des emplois subalternes, contraints de s’endetter lourdement et de recevoir des salaires stagnants ou en baisse. La pauvreté chronique et les conditions d’exploitation au travail dans de nombreuses régions du monde, et de plus en plus aux États-Unis, reproduisent l’enfer enduré par les ouvriers à la fin du XIXe siècle. La capture complète des institutions dirigeantes par les entreprises et leurs élites oligarchiques, y compris les deux partis politiques dominants, les tribunaux et la presse, signifie qu’il n’existe plus aucun mécanisme par lequel nous pouvons réformer le système ou nous protéger contre les abus croissants. Nous nous révolterons ou deviendrons des esclaves du XXIe siècle, forcés de vivre dans la misère et brutalement opprimés par la police militarisée et le système de sécurité et de surveillance le plus sophistiqué de l’histoire humaine tandis que les oligarques au pouvoir continuent à se vautrer dans une richesse et une opulence inimaginables.

      « Le nouveau code fiscal est d’un excès explosif », m’a déclaré l’économiste Richard Wolff lors de notre entretien à New York. « Pendant 30 ou 40 ans, les sociétés ont payé moins d’impôts que jamais. Elles ont gagné plus d’argent que jamais. Elles ont pu faire stagner les salaires alors que la productivité du travail augmentait. D’un point de vue historique, c’est le pire moment pour leur accorder un autre gros cadeau, encore plus aux dépens des personnes même dont les salaires ont stagné. Leur accorder une telle réduction d’impôt, qui passe essentiellement de 35 % à 20 %, revient à une réduction de 40 %. Ce genre d’excès fou rappelle les [rois] de France avant la Révolution française, lorsque le niveau d’excès atteignit une dimension sociale explosive. Nous en sommes là. »