@monolecte, on voit toutes et tous bien ce qui est en jeu ici et à quels hommes une telle « consigne » est adressée en revanche je ne trouve pas l’idée même très opérante, pas davantage que n’est le conseil voisin de tenter d’imaginer au réveil et en pyjama telle ou telle personne qui nous impressionne en général de part sa fonction. Non seulement cela ne fonctionne évidemment pas (je sais que le conseil de cet article n’est pas littéral), mais en plus il véhicule une manière de penser les rapports entre les personnes fondée essentiellement sur ce qu’elles nous renvoient physiquement, je n’ai sans doute pas besoin de faire la liste de tous les types de physiques pour lesquels une telle manière de penser les rapports est problématique.
S’il devait y avoir « éducation » de ceux qui ont effectivement de la difficulté à entretenir une relation si ce n’est normale, disons saine, avec une femme dans un cadre professionnel (et pourquoi limiter cette rééducation au seuil cadre professionnel), il me semble que ce serait justement dans la direction d’une pleine acceptation de cette différence (objective) d’une part et d’autre part encore dans le respect que cette différence n’équivaut pas désir (subjectif).
Par ailleurs si tu demandes à un homme (auquel tu as justement besoin de demander ce genre d’ajustements) de considérer son interlocutrice comme s’il était en face d’une armoire à glace, est-ce que plus ou moins consciemment tu ne plantes pas la petite graine qui, au contraire, insinue qu’il est un homme et qu’il est potentiellement perceptible physiquement (quand bien même il ne disposerait pas de tous les attributs du Rock en question) comme une armoire à glace, ce pourquoi, je te l’accorde, il n’a pas nécessairement besoin de tels encouragements, fussent-ils inconscients.
Les raisonnements qui sont fondés sur la transposition dans un autre domaine (par exemple comparer la façon de raisonner d’une personne au fonctionnement d’un ordinateur, les métaphores sportives etc…), ne sont pas des raisonnements aussi porteurs qu’ils paraissent. Pire ils contiennent souvent leur part perverse de limitation de la pensée : fort heureusement personne ne raisonne comme un ordinateur et par bonheur également nos vies sont plus complexes que tout ce qui peut se passer sur une étendue de pelouse verte.
Sans parler, mais je suis sûr que tu l’as compris à demi-mots, que ce n’est pas rendre service aux armoires à glaces non plus d’être cantonné dans ce rôle de repoussoir. Rien ne me fait plus horreur quand je perçois le début de ce genre de perception de ma « petite » personne, alors que je préférerais, mais tellement, que d’autres de mes éventuelles qualités entrent en ligne de compte.