• Turquie. Retour sur la grève dans le chantier du nouvel aéroport d’Istanbul

    Par Uraz Aydin

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    Selon le chercheur en urbanisme Serkan Ongel, Erdogan et l’AKP (Parti de la justice et du développement ) ont toujours cherché à assurer une accumulation de capital rapide et à créer une classe capitaliste qui leur en serait reconnaissante. « Plutôt que l’industrie ou l’exploitation minière c’est dans le secteur de la construction qu’ils ont trouvé leur bonheur. Etant au poste de commande du pouvoir politique, capable de faire fléchir les lois, distribuer les appels d’offres à ses partisans, Recep Tayyip Erdogan n’a eu aucun mal à ouvrir de multiples espaces à ce type de revenu rentier. Les forêts, la mer, les rivières, les régions inhabitées, les vieux quartiers de grandes villes, sans aucun intérêt économique pour cette fraction du capital, ont ainsi été soumis à des processus de marchandisation à travers le réaménagement urbain ou dans le cadre de méga projets comme le 3e aéroport, le 3e pont du Bosphore ou celui du futur Canal Istanbul consistant à créer un deuxième Bosphore en creusant la terre, ce qui provoquera un élargissement de la ville. Erdogan forge ainsi son hégémonie politique et économique à travers une reproduction et une redistribution de l’espace », explique-t-il.

    Toutefois il y a aussi le revers de la médaille erdoganienne : des conditions de travail abominables, insupportables et meurtrières. Selon les chiffres recueillis par le syndicaliste Onur Bakir, entre 2003 et 2016, plus de 200’000 accidents de travail ont eu lieu dans le secteur (où la syndicalisation est au plus bas, avec 3%) et 5328 travailleurs y ont perdu leur vie.