Monolecte 😷🤬

Fauteuse de merde 🐘 @Monolecte@framapiaf.org

  • L’imposture Michéa | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/martinestorti/blog/241018/l-imposture-michea

    Sinon on a quoi ? L’incantation au retour du « socialisme des origines », celui qui a été trahi dès l’affaire Dreyfus, quand, après bien des hésitations, les socialistes d’alors s’engagèrent dans la défense d’un bourgeois, de surcroît militaire et juif. Libre à Michéa de préférer l’antisémite et le misogyne Proudhon à Jean Jaurès. C’est que pour lui, de la défense de Dreyfus à la gauche d’aujourd’hui, la continuité serait totale, les droits et les émancipations dites sociétales jouant le même rôle, si l’on comprend bien, que la lutte contre l’antisémitisme : détourner le peuple de ses intérêts, de ses priorités, de lui-même.

    Autre proposition : le retour aux valeurs morales, là encore peu explicitées, auxquelles sont attachées les classes populaires. Il ne me semble pas que ces valeurs morales si ancrées avant mais bafouées, nous dit-il, par le libéralisme culturel des dernières décennies, aient été d’un grand secours pour faire obstacle à la barbarie du siècle précédent ! Il convient en outre de se méfier de ce renvoi aux valeurs qui succède à une critique des droits, complices du marché, affirmée page après page, livre après livre. Quoi de plus fragile que les valeurs, de plus aléatoire ? Les droits écrits, institués, inscrits dans des lois, dans une constitution sont des protections bien plus sérieuses.

    Si l’ennemi principal est la mondialisation néo-libérale, ou encore « la dynamique aveugle et insensée de l’accumulation sans fin du capital » comme le prétend Michéa, il est aisé de comprendre qu’avec un opposant de cette envergure, elles ont encore de beaux jours devant elles.

    Mais non, l’hostilité au néolibéralisme et l’habillage marxiste servent à camoufler une entreprise de brouillages, où l’on se construit un flanc « gauche de la gauche », ou « vrai socialisme » en séduisant ceux qui sortent leur marxisme de comptoir dès qu’ils entendent le mot « libéralisme ». Aussi un flanc « droite de la droite », par l’exaltation des traditions, de la famille, de la morale. Au nom de la défense des « petites gens », des « gens ordinaires », c’est à une attaque en règle des droits et des émancipations conquis au prix de luttes séculaires qu’il se livre.

    La critique que conduit Michéa du néolibéralisme est un leurre, raison pour laquelle il fait du libéralisme un tout. Raison qui explique son succès du coté de Marianne, de Valeurs actuelles, d’Eléments, des sites Boulevard Voltaire et Egalité et réconciliation autant de titres qui font l’éloge de Michéa à chaque parution de ses ouvrages. « Une pensée hors des sentiers battus » nous dit-on ici ou là. Non, Michéa, comme pas mal d’autres aujourd’hui, arpente en long en large et en travers des sentiers battus et rebattus, et tracés dans seul but : s’émanciper de l’émancipation.