• La guerre de Sécession enrôlée dans le débat politique français
    https://journals.openedition.org/transatlantica/9013#ftn1

    La falsification de l’histoire à des fins partisanes n’est pas nouvelle (Citron ; Offenstadt et Meyran ; CVUH ; Aggiornamento hist-géo). Dernier exemple en date, la publication par le magazine Le Figaro-Histoire d’un dossier d’une soixantaine de pages consacré à la « véritable histoire » – entendre non « manichéenne » (46) – de la guerre de Sécession (1861-1865). Le dossier avance une interprétation dépassée de la guerre de Sécession qui n’a plus cours depuis longtemps aux États-Unis, si ce n’est dans les milieux d’extrême droite. Le dossier reprend en effet les principaux éléments de réhabilitation du Sud esclavagiste forgés dès le lendemain de la défaite en 1865. Si ce dossier d’un hebdomadaire français doit attirer notre attention, c’est que l’instrumentalisation d’une histoire étrangère y joue au service d’un dessein politique national. Le dossier montre en effet une internationalisation de stratégies mémorielles réactionnaires visant à protéger une identité « occidentale » considérée comme menacée.
    La relativisation de l’esclavage

    W. E. B. Du Bois, « La propagande de l’histoire » « The Propaganda of History », Black Reconstruction in America : An Essay Toward a History of the Part Which Black Folk Played in the Attempt to Reconstruct Democracy in America, 1860-1880 (1935), chap. XVII - Collection SHS / TERRA-HN-éditions
    http://www.shs.terra-hn-editions.org/Collection/?W-E-B-Du-Bois-La-propagande-de-l-histoire

    Comment les faits de l’histoire Américaine ont été falsifiés depuis cinquante ans parce que la nation avait honte. Le Sud avait honte parce qu’il combattit pour perpétuer l’esclavage humain. Le Nord avait honte parce qu’il dût faire appel aux hommes noirs pour sauver l’Union, abolir l’esclavage et instaurer la démocratie.

    Qu’enseigne-t-on aujourd’hui aux enfants américains au sujet de la Reconstruction 1 ? Helen Boardman a produit une analyse des manuels scolaires actuellement en usage et distingue trois thèses principales :

    1 – Les Noirs étaient tous ignorants.

    Ils ne connaissaient rien aux affaires publiques.
    Woodburn et Moran, Elementary American History and Governement, p. 397.

    Bien que libres désormais, les Noirs n’en étaient pas moins ignorants et incapables de se gouverner eux-mêmes.
    Everett Barnes, American History for Grammar Grades, p. 334.

    Les Noirs prirent le contrôle de ces États. Ils avaient été esclaves toute leur vie, et ignoraient jusqu’aux lettres de l’alphabet. Néanmoins, ils siégeaient maintenant aux législatures d’État, et créaient les lois.
    D.H. Montgomery, The Leading Facts of American History, p. 332).