Lyco

Craignosse, les turlutosses !

    • Enfin, il y eut la rencontre avec Howard Trafford, après que ce dernier eut placardé une petite annonce à l’Institut de technologie de Bolton (« Recherche personne désirant former un groupe et jouer Sister Ray [du Velvet Underground, ndlr] »). Après avoir découvert ensemble les Pistols sur scène, les deux décidèrent de former un groupe et, avant même de dénicher des musiciens pour les accompagner, entreprirent d’inviter les Londoniens à Manchester, pour le plaisir de les voir se produire à domicile et de faire leur première partie.

      Le concert eut finalement lieu le 4 juin 1976 au Lesser Free Trade Hall, une minuscule salle, sans les Buzzcocks, qui n’étaient pas prêts - mais avec mille fois l’effet escompté puisque dans la fosse se trouvaient les futurs incendiaires de Joy Division et The Fall. Ce week-end-là, les deux gamins dont la vie avait changé pour de bon décidèrent tout de même de changer de nom : Devoto pour Howard, Shelley pour Pete, qui choisit comme patronyme le prénom qu’il aurait eu s’il avait été une fille, et révéla sans doute, entre les lignes, sa bisexualité.

      Quelques mois plus tard, les Buzzcocks jouaient pour de vrai avec les Sex Pistols et se faisaient remarquer par leur génial priapisme musical.

      Enregistré en studio par Martin Hannett, autoproduit avec la somme de 500 livres (empruntées) par nécessité puisqu’aucun label indépendant n’existait encore à Manchester, le quatre-titres Spiral Scratch lança au Royaume-Uni presque à lui tout seul l’économie indie, fière de ses régionalismes et de son caractère décentré. Comme l’écrit Jon Savage dans England’s Dreaming, « le rôle de Spiral Scratch a été énorme […] ; son esthétique était parfaitement en adéquation avec les moyens de la production ». Et Manchester devint le deuxième épicentre du punk, avec ses propres groupes, labels, fanzines, et son esprit unique au monde.

      https://next.liberation.fr/musique/2018/12/07/pete-shelley-buzz-de-fin-pour-le-punk-anglais_1696716