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« vivere vuol dire essere partigiani » Antonio Gramsci

  • GILETS JAUNES : LE SENS DU FACE A FACE
    ▻https://blogs.mediapart.fr/ebalibar/blog/131218/gilets-jaunes-le-sens-du-face-face

    AprĂšs le discours du prĂ©sident Macron – en vĂ©ritĂ© une dĂ©robade, mais qui n’annonce rien de bon pour la dĂ©mocratie – et alors que le Mouvement des Gilets Jaunes se poursuit, on tente ici d’en reconstituer la genĂšse et d’en examiner quelques-unes des implications politiques, afin de contribuer Ă  l’élargissement de la discussion.

    Le PrĂ©sident, donc, a parlĂ©. Mais Ă  qui ? C’est la premiĂšre question qu’on peut se poser. Sans jamais vouloir, sans oser nommer ceux qui l’y ont contraint – les fameux Gilets Jaunes –, il a prononcĂ© des paroles de contrition mesurĂ©es au compte-goutte et, comme l’a aussitĂŽt relevĂ© la presse, « concĂ©dĂ© » des mesures d’allĂšgement du fardeau financier pesant sur la partie la plus pauvre de la population mais « sans rien cĂ©der » de ce qui aurait marquĂ© un changement de cap, en donnant satisfaction au mouvement de rĂ©volte qui, depuis maintenant quatre semaines, Ă©branle en profondeur le pays. Dans les jours qui viennent, on fera les comptes pour voir qui gagne exactement quoi, tout de suite et Ă  plus long terme, et qui peut s’en satisfaire. Une fois de plus, il a promis que les citoyens auraient leur mot Ă  dire dans une « concertation » d’ampleur nationale qui le verrait aller lui-mĂȘme au contact des Ă©lus locaux. Et il a assorti son discours de deux Ă©lĂ©ments de nature Ă  inquiĂ©ter fortement tous les dĂ©mocrates. D’abord une longue proclamation de sĂ©vĂ©ritĂ© contre « le dĂ©sordre et l’anarchie » – « j’ai donnĂ© au gouvernement les instructions les plus rigoureuses » – ce qui veut dire en clair que les manifestations sont placĂ©es sous le rĂ©gime d’une sorte d’état d’urgence prĂ©ventif et que les brutalitĂ©s policiĂšres ne feront l’objet d’aucune restriction. Ensuite le retour en force du thĂšme de l’identitĂ© nationale, de nausĂ©abonde mĂ©moire, immĂ©diatement traduit en « question de l’immigration », une « question » qui ne jouait aucun rĂŽle dans le mouvement des Gilets, mais dont on sait les rĂ©sonances Ă  la droite et Ă  l’extrĂȘme droite de l’échiquier politique


    • Gilets jaunes : le sens du face Ă  face
      #Etienne_Balibar, Médiapart, le 13 décembre 2018

      Un rĂ©gime capitaliste sans doute n’est jamais Ă©galitaire. Du moins peut-il se maintenir temporairement Ă  l’intĂ©rieur de limites d’ #inĂ©galitĂ©s vivables si la conflictualitĂ© sociale – ce qu’on appelait autrefois « les luttes » - complĂ©tĂ©e par des politiques d’intĂ©rĂȘt et de cohĂ©sion nationale (qu’il faudrait aujourd’hui repenser Ă  l’échelle continentale et au-delĂ ) freine la paupĂ©risation et impose un certain degrĂ© de #redistribution, que ce soit par le biais de l’ #impĂŽt ou par celui des #services_publics.

      Tout s’est passĂ© au contraire comme si Emmanuel Macron avait vu dans son Ă©lection un mandat pour accĂ©lĂ©rer la « #casse » : celle du droit du travail, celle de la fiscalitĂ© progressive, celle des instances de nĂ©gociation et de reprĂ©sentation professionnelle, celle du service public et des aides sociales. L’idĂ©e sous-jacente Ă©tait sans doute qu’on compenserait la dĂ©vastation de la sociĂ©tĂ© « civile », avec ses consĂ©quences potentiellement dĂ©moralisatrices et ses effets de « dĂ©saffiliation » ou d’« insĂ©curitĂ© sociale » (Robert Castel), par un mĂ©lange de propagande « entrepreneuriale » et de moralisme bien-pensant, sans se douter qu’il puisse y avoir un #retour_de_flamme


      #Gilets_Jaunes #France