• Walter Benjamin: la traversée des décombres - Le Mai Daniel Bensaïd
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    Audace logique, chèrement payée : au-delà de Goethe, c’est le temps de l’intellectuel voltairien qui est révolu, le temps de la prudence d’existences « entièrement subordonnées aux catégories bureaucratiques de la compensation, de la médiation, de l’ajournement », de l’accommodement avec « le monde de l’insuffisance, du compromis, des contingences, de l’irrésolution érotique et de l’hésitation politique » [11]. Ces lignes sont directement inspirées de Naville, qui oppose lui aussi,« aux périodiques et molles secousses du contentement public », « une certaine désespérance fondamentale » qui serait le propre des « esprits sérieux, non fatigués, appliqués à leur objet » : « C’est dire que ce même pessimisme permettra la recherche de moyens extrêmes pour échapper aux nullités et aux déconvenues d’une époque de compromis comme le sont presque toutes les époques. » [Pierre Naville, La révolution et les intellectuels, Paris, Denoël, ]] Benjamin tient peut-être de lui l’idée qu’il s’agit d’organiser le pessimisme.