Articles repérés par Hervé Le Crosnier

Je prend ici des notes sur mes lectures. Les citations proviennent des articles cités.

  • Haine sur les réseaux sociaux : plutôt qu’une nouvelle loi, actionner le « levier de l’opinion » ? - LCI
    https://www.lci.fr/population/haine-sur-les-reseaux-sociaux-facebook-twitter-plutot-qu-une-nouvelle-loi-action

    Dans le débat qui entoure la violence en ligne, nombreuses sont les victimes de propos racistes ou sexistes, par exemple, qui dénoncent l’absence de modération et la difficulté à retrouver les auteurs de ces messages dans le cadre d’une plainte. Olivier Ertzscheid, professeur en sciences de l’information à l’université de Nantes, est d’accord avec ce constat : oui, il y a bien un problème avec la modération en ligne (face au flot d’injures antisémites impossibles à modérer, France 3 Alsace a dernièrement dû cesser la diffusion de son Facebook live en direct du cimetière juif de Quatzenheim). Il précise toutefois auprès de LCI : « Il faut malgré tout différencier Facebook - qui a recruté des gens pour faire de la modération - et Twitter - qui se repose encore sur une modération algorithmique ». Mais sur les moyens à mettre en oeuvre, cet enseignant se montre davantage sceptique.

    Menaces de sanctions financières

    « Éradiquer la quasi-totalité de tous les types de haine, antisémite, raciste, homophobe, sexiste… sur les réseaux sociaux, au regard de la démocratisation d’Internet, me paraît tout à fait impossible » explique-t-il. « Ce serait comme essayer d’éradiquer les discussions sur la place du village ou au café du commerce. »

    Selon lui, toute la difficulté réside dans le bénéfice que tirent les plates-formes de ce types de propos. « Les discours de haine sont minoritaires à l’échelle de la quantité de l’information sur le web, mais c’est une minorité visible. La prime est donnée à ces discours excessifs et radicaux qui génèrent le plus d’interactions. C’est ce qui nourrit le modèle économique des plates-formes. Leur posture, par rapport à ces discours, est donc très ambivalente. » Quant aux menaces de sanctions financières qui pourraient bientôt être inscrites dans la loi, notre professeur « n’y croit pas une seule seconde ». « Cela fait plus de dix ans qu’on menace ces plates-formes d’amendes. Cela ne fonctionne pas et ne fonctionnera pas plus maintenant. Par ailleurs, Facebook se moque d’une amende au regard des bénéfices qu’il engendre. »

    Le levier de l’opinion

    Quelle solution apporter alors si, du point de vue des spécialistes, une nouvelle loi n’aurait aucun caractère utile ? Olivier Ertzscheid ne voit qu’un levier, celui de l’opinion. « La seule chose qui peut amener la modération à être plus efficace, c’est ce que pensent les gens de leur service. Chaque fois qu’elles ont reculé - par exemple Facebook sur la vie privée - ce n’était pas à cause d’une potentielle amende mais parce qu’elle pouvait perdre des utilisateurs. » Il nuance toutefois son propos : « Il faut de la régulation, bien sûr. L’idée n’est pas de dire que les lois ne fonctionnent pas. Mais l’arsenal législatif qui existe déjà est suffisant. C’est simplement qu’il faut le faire appliquer. »

    #Olivier_Ertzscheid #Médias_sociaux