saint-ouen-93

Le groupe Saint-Ouen 93, crée en 2010, est adhérent à la Fédération Anarchiste. Il milite au niveau local, édite TRIPLE A, feuille d’information, ainsi que MURS-MÛRS, journal mural. Il mène par ailleurs des actions collectives avec les groupes de Saint-Denis, de Paris 18e, et des sympathisants ou militants issus d’autres organisations libertaires. Il s’associe régulièrement aux actions menées par la Fédération Anarchiste au niveau national.

  • C’est l’été, Belle Province : l’Espagne n’est pas loin, la vaseline sent la rose.

    Tirant tête au hors du trou, qu’entends-je ? La « revanche du p’tit chauve », comme disait non sans joliesse ce suceur de Bic de Franz-Olivier Giesbert en parlant de l’élection de Hollande, cette revanche, nulle doute qu’elle est cette fois sur les rails. Reste à savoir de qui le petit chauve se venge : il pourrait s’agir d’Aubry, du Parti Socialiste, de certains de ses « camarades ». Il ne pourrait, par contre, s’agir de la bourse ou du patronat lesquels, rassurés par le mol retour de la social-démocratie, ressortent de sous le tapis les plans sociaux planqués un temps dans l’espoir d’une réélection de leur champion toute catégorie, j’ai nommé Sarko-le-Marocain. Ça a foiré, pas grave, on retourne au turbin, on dégraisse : à Air France, les « départs naturels (sic) et volontaires » se solderont par la suppression de rien moins que 5000 postes : en concurrence directe avec ArcelorMittal, qui vient de prolonger de six mois l’arrêt des hauts fourneaux de Florange. Depuis le temps que les copains se battent là-bas et répètent que jamais on les rallumera… Quoi encore ? Ah, Technicolor, fabriquant de matériel vidéo, en redressement judiciaire, Pétroplus, raffinerie ayant vu passer tout ce que le pays comptait de candidats aux présidentielles, à l’époque des folles promesses : elle est à l’arrêt aujourd’hui, et Arnaud Montebourg, ministre du redressement-de-ce-qui-s’affaisse avoue que le plan de sauvetage par ses soins agencé a « vingt pour cent de chances de réussir ». Encourageant… Tout cela, c’est sans compter le volailleur Doux, grand massacreur de poules, de dindons et d’emplois, dont la faillite menace 4000 salariés. Une paille… Tout continue donc de rouler comme naguère au pays du « président normal ». Les prolos vont s’en prendre plein les gencives, tandis que le patronat, lui, n’en finira plus d’engraisser. C’est que, selon Parisot, « le désendettement du pays ne doit pas se faire sur le dos des entreprises », mais sur le nôtre, cela va de soi. Et quand elle annonce, sans le prouver, que « la dégradation de l’économie française s’accélère », ce n’est pas aux victimes des plans sociaux qu’elle songe, mais bien au rétrécissement des marges colossales concédées aux entrepreneurs, aux profits générés par la grâce du CAC40.

    Face à la suffisance et à la morgue de ces bouffeurs de vies, face à l’appétit capital de cet ogre jamais rassasié, quelle solution proposent nos nouveaux maîtres et seigneurs ? Des coups de mentons sans gravité, des déclarations non suivies de décisions d’importance, rien pour stopper l’hémorragie, rien pour briser leur faconde et enfin les toucher au cœur, c’est-à-dire au porte-monnaie. Ça noie le poisson, comme d’habitude, ça attend de laisser passer la nouvelle salve d’élections avant d’annoncer que, finalement, ça renonce et recule, sur tous les fronts. Ça endort comme ça peut le peuple à grand renfort d’annonces ultra médiatisées mais toutes situées sur le plan des mœurs, mariage des homosexuels, dépénalisation éventuelle du cannabis, et autres écrans de patchouli. Ça pense que ça évitera ainsi de parler de l’essentiel, d’aborder les sujets qui risqueraient de fâcher la finance mondiale. Alors, les Grands Enjeux du moment sont et doivent rester : l’école, le samedi matin ou pas ? Pour ou contre le port du jeans lors du conseil des ministres ? Et mes fesses, tu les trouves belles, mes fesses ? Nulle doute que cette carabistouille fera sauce gribiche à nous faire avaler nawak, et quand nous serons bien habitués à ne pas voir la vie changer les mols socialos recommenceront à nous la mettre mais avec, cette fois, une vaseline qui sent la rose.

    Pendant ce temps certains Ump passent alliance, sans vergogne, avec le Front National. Il s’agit d’être réélu, quitte à vendre son cul. D’autres, tel le maire de Nice, n’ont pas encore osé franchir le Rubicon — comme son nom l’indique. Ils n’en multiplient pas moins les signaux clairs, nets et glaireux, en direction de l’électorat nazioïde : après avoir, sur le territoire de sa commune, « réglementé les activités des artistes de rue », après avoir purement et tout bonnement « interdit la consommation d’alcool sur les plages, dans les rues et les parcs du centre-ville », Estrosi vient de pondre un arrêté municipal contre les mariages dits bruyants, lesquels devront désormais « se dérouler sans cris ni sifflets, ni drapeaux étrangers ni groupe de musique folklorique non autorisé. » Re-sic. Outre qu’on ignorait qu’un drapeau puisse être bruyant, on devine assez facilement, à la lecture de l’arrêté, quelles communautés y sont expressément visées. Là aussi, la réponse apportée par le nouveau pouvoir à cet ostracisme local parfaitement assumé est un silence, assourdissant et tout à fait « bruyant ».

    Après avoir souillé de sa nauséeuse lascivité les palaces new yorkais et le Carlton de Lille, Strauss-Kahn viendra-t-il, sans sifflets ni trompettes, promener sa masse graisseuse sur la promenade des Anglais ? Peu de chances, l’empafé se terre. Il se terre depuis qu’il osa, le 6 mai dernier, réclamer par voie d’avocat à Melle Diallo, la victime avérée de sa couillopathologie, la somme pour lui modique d’un million de dollars, sans rire. Ceci en raison de ses « fausses déclarations, et pour avoir porté atteinte à sa réputation dans le monde, et lui ayant fait perdre d’autres opportunités professionnelles. » Arrêtons-nous un temps sur ce vocable, le voulez-vous ? « Opportunités ». A supposer que ce grand malade évoque là sa possible élection aux présidentielles, le mot est alors, avouons-le, parfaitement choisi : il ne s’agissait jamais, pour lui, que d’une « opportunité », à la hauteur de celle se présentant au VRP de Monsieur Meuble se voyant proposer un poste de directeur régional. Finalement, l’élection, c’est cela et rien d’autre. Une opportunité.

    Celui qui l’a saisie comme par défaut et roule désormais à tombeau ouvert entre Paris et Cabourg, Caen, Bruxelles, Vesoul, Montargis,… ne nous dit rien de ce qu’il pense de la situation pré-insurrectionnelle régnant désormais au Québec. On le comprend. Hollande, c’est le tonton rigolo qui, au repas de Noël, ne veut surtout fâcher personne, et dès lors s’échine à sourire à tout le monde, trinquons cousins, hop hop ! Le désintérêt qu’il affiche envers la Belle Province et le manque de courage qui s’ensuit lui sont largement reprochés du côté de Montréal. C’est que là-bas, non contente de braver chaque soir les flics et les lois d’exception, la population lutte pour que l’éducation ne soit pas transformée en simple marchandise. C’est pas assez « hollandais », ça ? Le mouvement dure depuis quatre mois, et les arrestations se comptent par centaines. Cependant, il ne faiblit pas et finira, n’en doutons pas, par avoir la peau du premier ministre Jean Charest, un ultralibéral de la pire engeance qui soit. Les pressions, diverses et variées (convocations des leaders, menaces, emprisonnements,…), s’accentuent à l’approche de la saison touristique et du grand prix de formule 1, évènement d’envergure mondiale, que comptent bien perturber les étudiants en lutte. Charest a, pour sa part, déclaré que « lorsqu’on s’attaque au Grand Prix, on s’attaque non au gouvernement du Québec, mais à tous les Québécois. » Rien que ça…

    Pareil silence émane de Hollande et de ses copains lorsqu’il s’agit d’évoquer la situation en Syrie. Certes, on s’étrangle sous les ors, on tousse sous les tentures, à chaque nouveau massacre on condamne, on s’insurge : on râle. Puis Poutine est reçu à Paris, réaffirme son soutien à son pote El Hassad, gueule un coup à l’oreille du président normal, dès lors la messe est dite et la France, ce petit pays sans allure, ferme sa gueule. Définitivement. Pas question de vexer « l’ami russe », lequel ne s’est pas gêné, en son temps, pour broyer sous les bombes la Tchétchénie rebelle, sans que l’ONU, là non plus, n’y trouve à redire. Il suffit donc que Poutine soutienne le régime syrien pour que le conseil de sécurité en devienne, du coup, muet, et la France pareillement. Décidemment, la seule solidarité internationale qui fonctionne dans ce monde taré est celle qui uni entre elles les dictatures.

    Et l’Espagne, mon bon François ? Tu sais, ce domino d’après la Grèce et d’avant le Portugal, d’avant l’Italie puis la France (il va nous falloir patienter quelques mois encore les enfants avant de succomber, à notre tour, sous les coups de butoir des banques), oui l’Espagne, t’en penses quoi, François ? Rien, encore ? Pas étonnant, tiens… C’est que c’est loin, l’Espagne, n’est-ce pas ? Pas tant que ça, François, tu verras.

    Frédo Ladrisse.

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