• Bisesero est emblématique de l’intervention française au Rwanda : ambivalence de la mission, déni de la réalité du génocide, aveuglement – ou pire – des décideurs. – Ne pas subir
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    Le 27 juin, sur ces collines de Bisesero, quelques militaires des forces spéciales en reconnaissance découvrent des rescapés tutsi. Ils ne sont en rien l’avant-garde de l’armée du FPR, redoutée par la France, mais les survivants de massacres ignobles, répétés chaque jour. Ce sont des morts-vivants, entourés de charniers et accablés de blessures.
    Pendant qu’ils leur parlent, les soldats français ont la démonstration de l’organisation du génocide : arrivent des véhicules de miliciens, de gendarmes rwandais et de militaires des FAR qui patrouillent ensemble à la recherche de ces rescapés pour les achever. Ces derniers se cachent, terrorisés, tandis que les forces armées du gouvernement rwandais ne craignent pas d’afficher leur occupation réelle. Ils ne se battent pas contre les soldats du FPR, ils massacrent les civils tutsi.
    L’officier français qui dirige l’équipe spéciale promet aux rescapés de revenir pour les secourir et repart vers sa base où il reçoit l’ordre… de ne pas intervenir, pire encore : il se voit interdire d’y revenir.

    Notre mission, c’est de stopper le FPR, les ennemis des génocidaires

    Trois jours plus tard, le 30 juin, des sous-officiers ulcérés par cette situation, comme Thierry Prungnaud, et sans doute Olivier, un capitaine qui a choisi sans le dire de désobéir, se perdent malencontreusement jusqu’à la zone des rescapés et prennent soin d’alerter si largement de leur « découverte » qu’ils obligent le commandement à monter une mission de secours. Entre-temps, en trois jours, plusieurs centaines de ces réfugiés ont été massacrés par les génocidaires du régime, alors qu’ils s’attendaient à être sauvés par l’armée française.