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    • #néolibéralisme #libéralisme

      Walter Lippmann (1889 - 1974)

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Walter_Lippmann

      Barbara Stiegler:

      Le cap et la pédagogie – à propos du néolibéralisme et de la démocratie

      https://aoc.media/analyse/2019/01/24/cap-pedagogie-a-propos-neoliberalisme-de-democratie

      (demande de s’enregistrer)

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      Le cap, d’abord. Non pas laisser faire, comme dans le libéralisme classique, mais imposer à la société la direction qu’elle doit suivre. Cette direction, c’est celle de son adaptation progressive à la division mondialisée du travail. Et sa destination finale, c’est celle d’un grand marché mondial régi par des règles loyales et non faussées, dans lequel devront désormais prévaloir, non plus des rapports brutaux de prédation où les plus gros continueraient de dévorer les plus petits (la fameuse « loi de la jungle »), mais les règles d’arbitrage d’une compétition fair play où, comme dans le sport, tous doivent avoir les chances égales de faire valoir leurs capacités et de révéler leurs talents. Ce que les nouveaux libéraux comprennent, dans le sillage de la crise de 1929 et à la suite de la décennie noire qui lui succède, c’est que le marché ne se régule pas tout seul. C’est qu’il n’y aucune main invisible qui harmonise spontanément la lutte des intérêts, et qu’il faut donc impérativement en appeler à la main des États, architectes et arbitres de ce nouveau marché à construire. Dans son analyse « à chaud » des premiers néolibéralismes de gouvernement à la fin des années 1970 au Collège de France (Naissance de la biopolitique), Michel Foucault l’avait déjà très bien compris.

      On pourra objecter, et on aura raison que, une fois parvenus au pouvoir, les néolibéraux n’hésitent pas à favoriser la concentration des richesses. Mais cette hybridation permanente avec l’ultra-libéralisme, qui laisse faire la formation des monopoles au nom d’un hypothétique « ruissellement » des fortunes sur tout le reste de la société, n’est pas la dimension la plus originale ni la plus intéressante de sa doctrine. Elle relève plutôt du compromis ou de la concession prétendument réaliste avec les forces en place. Ce qu’il y a de véritablement nouveau dans le néo-libéralisme, ce qui constitue le cœur de son utopie, c’est que le cap qu’il entend imposer à toutes les sociétés, est celui d’une compétition juste, qui inclut et qui doit inclure tous les individus. L’idée, c’est que tous sans exception, y compris les plus modestes et les plus vulnérables – malades, chômeurs, handicapés, démunis –, soient remis en selle pour participer à la course. Le cap, c’est que tous puissent, avec un maximum d’égalité des chances, participer à la grande compétition pour l’accès aux ressources et aux biens, désormais théorisés par les économistes comme des « ressources rares ». Alors se dégagera une hiérarchie juste entre les gagnants et les perdants, résultat toujours provisoire qu’il s’agira à chaque fois de rejouer, une fois encore comme dans le sport, afin qu’aucune rente de situation ne s’installe et que la compétition soit indéfiniment relancée.

      [...]