• Les journalistes de Reuters France en grève contre la suppression de 50% du service en langue française
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    Ces annonces de Thomson Reuters s’inscrivent dans une politique globale de réduction des effectifs qui affecte particulièrement les services « domestiques » en allemand, espagnol, russe ou italien, notamment.
    photo : la rédaction londonienne - Crédits : Reuters

    Délocalisations et robots traducteurs... telle est la recette de la direction de Reuters. Plus de la moitié des journalistes écrivant et traduisant en français, qui fournissent nuit et jour une grande partie de la matière première informative de nos médias hexagonaux, sont menacés par un plan drastique de réduction d’effectif.

    Les membres de la rédaction de l’agence Reuters en France se sont réunis en assemblée générale mardi 5 mars et ont décidé massivement de faire grève à compter de mercredi soir à minuit pour 24 heures afin de protester contre les réductions d’effectifs annoncées la semaine dernière par la direction. Il s’agit de la première grève à Reuters en France depuis 15 ans.

    Les grévistes entendent ainsi signifier collectivement leur rejet de la suppression de 25 postes au sein des services de l’agence, qui aura pour principal effet de diminuer de plus de moitié le service texte en langue française.

    Dans un message adressé à la direction, ils disent « contester les raisons économiques mises en avant par la direction pour justifier ces départs, ainsi que la pertinence et l’efficacité de la réorganisation qui leur a été proposée ».

    Pour continuer de fournir du contenu en français à ses clients malgré la réduction des effectifs, l’agence entend « généraliser » l’usage de la traduction automatique ainsi que recourir aux services du bureau de Gdynia, en Pologne, où elle a déjà délocalisé le service internet qui met en ligne les dépêches en langue française.

    Ces annonces s’inscrivent dans une politique globale de réduction des effectifs qui affecte particulièrement les services « domestiques » en allemand, espagnol, russe ou italien, notamment.

    Ces services sont pourtant cités par la direction comme apportant une plus-value qui distingue Reuters de son principal concurrent anglophone, Bloomberg. Or, Michael Friedenberg, nommé à la tête de Reuters News en décembre, a fait de la croissance et de la valeur ajoutée les axes de sa stratégie.

    Thomson Reuters a fait état fin février d’une hausse de 9% de son chiffre d’affaires trimestriel, hors effets de change.

    L’entreprise a cédé en octobre dernier une participation de 55% dans sa division Financial & Risk (F&R) au fonds Blackstone. Dans le cadre de cet accord, cette division appelée Refinitiv versera 325 millions de dollars par an à Reuters pendant 30 ans pour accéder à son flux d’informations, soit un total de près de 10 milliards de dollars.

    Les salariés de Reuters News en France ont demandé que les négociations qui doivent s’ouvrir le 11 mars sur le plan de sauvegarde de l’emploi se déroulent dans le respect des « Trust Principles » qui garantissent l’indépendance et l’intégrité de l’agence.

    Priée de réagir, la direction de Reuters s’est refusée à tout commentaire.