marielle 🐱

« vivere vuol dire essere partigiani » Antonio Gramsci

  • JB empĂȘche tout le monde de dormir...

    De Geoffroy de Lagasnerie Ă  Alain Soral, d’Ariane Chemin Ă  Daniel Schneidermann, de Panamza Ă  Claude Askolovitch, de Bruno Jeudy Ă  Sylvain Courage, d’Olivier Truchot Ă  Pascal RichĂ©, de Marc-Olivier Fogiel Ă  Pierre Haski, un immense front s’est levĂ© contre moi en quelques heures.

    Des plus ignobles penseurs racialistes au progressistes d’apparat les plus vains, un seul mot d’ordre, rĂ©pĂ©tĂ© jusqu’à la pĂąmoison, sous toutes ses formes, sur les rĂ©seaux sociaux, les mĂ©dias, leurs infinis moyens de communication, a semblĂ© les lier.

    La levĂ©e de boucliers a Ă©tĂ© incroyable dans sa diversitĂ© et sa brutalitĂ©, aprĂšs un mois de silences feints. Il a fallu que je rĂ©vĂšle qu’une dizaine de mĂ©dias m’avaient successivement invitĂ© puis annulĂ© en moins de 48 heures pour parler de CrĂ©puscule, et que tous confirment tout en signant des mots d’excuse d’écolier plus pitoyable les uns que les autres, pour que soudain les vannes s’ouvrent. De C Politique au Quotidien en passant par l’Obs, la matinale de RMC chez Bourdin et tant d’autres, tous se sont empressĂ©s de prĂ©tendre qu’il n’en avait rien Ă©tĂ©. Enfin, que si, mais que tout s’expliquait.

    Cela faisait alors cinq mois qu’aucun d’entre eux n’avait dit un mot d’un texte qui a Ă©tĂ© plusieurs centaines de milliers de fois tĂ©lĂ©chargĂ© et qui s’est retrouvĂ© immĂ©diatement propulsĂ© en tĂȘte de tous les classements de vente, sans une publicitĂ©. Face Ă  la rupture du rĂ©el, Ă  la violence de cette soudaine mise en abyme - l’ouvrage montre comment l’espace informationnel français est devenu un marchĂ© oĂč s’échangent et se trafiquent les petits secrets contre promotions et avancĂ©es - les dĂ©nĂ©gations et les (dis)qualificatifs ont commencĂ© Ă  pleuvoir Ă  une vitesse fascinante : fasciste, homophobe, mythomane, antisĂ©mite, complotiste, agent des russes et des chinois, sioniste, psychotique, millionnaire cachĂ©, imposteur, narcissique, arrogant, sexiste se sont succĂ©dĂ©s, avec tout le sĂ©rieux du monde, en des espaces autorisĂ©s ou se croyant censurĂ©s, du site d’ArrĂȘt sur images Ă  celui d’EgalitĂ© et RĂ©conciliation en passant par CheckNews, Mediapart et les comptes twitter et facebook de certains de nos plus importants dominants.

    Tout cela, sans qu’à aucun moment, aucun d’entre eux ne soit en mesure de rĂ©pondre Ă  cette simple question :
    Pourquoi, depuis cinq mois, ce texte, qui rĂ©vĂšle notamment comment Edouard Philippe Ă  fait recruter sa femme Ă  SciencesPo aprĂšs avoir attribuĂ© des subventions Ă  l’institution, n’a-t-il Ă©tĂ© abordĂ© une seule fois par un mĂ©dia institutionnel, si ce n’est sous l’angle de son succĂšs ?

    Puisqu’y rĂ©pondre, ce serait s’exposer, accepter qu’en effet, il constitue un procĂšs en rĂšgle extrĂȘmement dangereux pour tous les valets de l’oligarchie, une seule solution semblait avoir Ă©tĂ© univoquement trouvĂ©e : exploser l’ĂȘtre qui avait fait exister ces mots. Accabler, Ă©craser, humilier, comme on le fit tant de fois avec tant d’autres, avant que d’autres ne se saisissent de son propos, et puisse menacer des positions bien installĂ©es.

    Avant que l’on puisse prĂ©tendre, qu’en effet, ce qu’il disait, Ă©tait vrai.

    Alors ils l’ont fait comme je le vis faire, jour aprĂšs jour, mois aprĂšs mois, annĂ©e aprĂšs annĂ©e, contre un client, camarade, ami, un certain Julian Assange, qualifiĂ© successivement de violeur, antisĂ©mite, agent du FSB et mille autres dĂ©lirantes accusations par les plus grands mĂ©dias, sans que personne ne s’interroge sur l’incongruence de ces successives diabolisations, la facilitĂ© avec laquelle nos mĂ©dias, notre bourgeoisie, nos reprĂ©sentants et commentateurs prĂ©fĂ©rĂ©s, soudain, se soumettaient Ă  des paroles de pouvoir intĂ©ressĂ©es, et relayaient ces inepties sans ne jamais se censurer ni s’excuser ?

    Un ĂȘtre qui fut Ă  ce point disqualifiĂ© que l’on se trouva, sept ans aprĂšs, perplexes et dĂ©sactivĂ©s alors qu’on le voyait, vieilli, abattu, traĂźnĂ© pour ĂȘtre enfermĂ©, incapables de s’indigner de cette rĂ©pression, commise pour une seule et unique raison : avoir dit la vĂ©ritĂ©, contre un ĂȘtre que l’on avait collectivement abandonnĂ©s.

    Alors Ă  moi qui ne me suis jamais dĂ©solidarisĂ© des gilets jaunes lorsque j’ai vu exactement la mĂȘme mĂ©canique se mettre en branle contre eux, accumulant les paroles dĂ©lirantes pour tenter de les Ă©craser, humilier, effacer d’un panorama oĂč ils ne sauraient ĂȘtre tolĂ©rĂ©, on ne la ferait pas.

    Moi j’étais prĂȘt. Ils ont formĂ© une nouvelle gĂ©nĂ©ration qui ne s’en laisserait pas compter. A eux que la vĂ©ritĂ© hystĂ©rise, qui se comportent comme les pires soubrettes des rĂ©gimes autoritaires lorsque ces derniers dĂ©cident d’écraser un dissident que nous nous plairons, nous, Ă  admirer, mon mĂ©pris. A eux qui ne s’engagent que lorsque l’ennemi est loin, ne touche pas Ă  leurs propres structures de pouvoir, ne menace pas leurs intĂ©rĂȘts, Ă  eux qui ne savent ce que le risque est, mon reconnaissant mĂ©pris : celui d’avoir confirmĂ© ce qu’ils Ă©taient, et ce qui, en cet ouvrage, Ă©tait Ă©crit. Ils sont pires que ce je pensais.

    Eux que j’ai vu dĂ©sespĂ©ramment mentir, se battre et se dĂ©battre pour nier la vĂ©ritĂ©, eux qui face Ă  leur inconsĂ©quence, continuent de tenter de dĂ©fendre leurs implausibles dĂ©fenses, submergĂ©s par l’infatigable accumulation de preuves et d’évidences, de faits rĂ©vĂ©lant leur complice inanitĂ©, mon regard sĂ©vĂšre, et mon souverain dĂ©dain.

    Qu’ils ne prĂ©tendent plus qu’il s’agit de moi, lorsque d’eux et d’eux seuls il est question. Qu’ils ne prĂ©tendent pas qu’il s’agit du gamin qui n’a fait qu’une chose : devenir un rien pour rĂ©vĂ©ler leurs misĂ©rables intĂ©rĂȘts partagĂ©s, aprĂšs s’ĂȘtre longtemps laissĂ© absorber.

    Qu’ils ne prĂ©tendent pas qu’ils sont autre chose qu’une coalition ignorante d’intĂ©rĂȘts, qui les fait se retrouver, de Soral Ă  Lagasnerie, Ă  faire front commun aprĂšs avoir longtemps prĂ©tendu s’opposer, bourgeois liĂ©s dans la dĂ©fense de leurs seuls intĂ©rĂȘts, ne supportant pas l’exposition de leurs Ă©gales compromissions, idiots utiles d’une oligarchie installĂ©e, jouant de rebellions de pacotille pour mieux s’installer, produisant nĂ©ants ou boucs Ă©missaires dans une constance partagĂ©e, divertissant communĂ©ment une population aseptisĂ©e pour les dĂ©tourner des vrais enjeux touchant Ă  leur souverainetĂ©.

    Non ce ne sont ni les juifs, ni Benalla, ni les francs-maçons ni les policiers qui nous ont plongĂ© dans l’effondrement que nous vivons.

    Mais cette oligarchie qu’un simple gamin, dotĂ© de ses seules mains, a Ă©tĂ© capable d’exposer alors qu’ils ne cessaient de la masquer, pour mieux s’y conformer.

    Au CrĂ©puscule qui tient, et Ă  l’aurore qui vient.

    Le 1er mai, faites vivre ces mots qu’ils auront tentĂ© de dĂ©pouiller en vain.

    Érigez vous. Ne les imitez pas. Oubliez moi. Et faites naĂźtre ce Nous qui, jusqu’aux trĂ©fonds, les poursuivra.

    Juan Branco

    â–șhttps://twitter.com/Denis_Robert_/status/1117566310043590656

    • Pour moi c’est trĂšs simple le Duc Geofrey de Lannerie faisant partie intĂ©grante du systĂšme corrompu se fait le complice du macronisme car il va de soi que lui est un vĂ©ritable « progressiste » qui se bat contre les « Ă©lĂ©ments de langage d’une perception fascisante »â€Š
      Sans aucun doute il dĂ©borde d’intelligence et a choisi son camp.
      #progressisme_d'apparĂąt
      ▻https://seenthis.net/messages/772787

    • Les mots que je ne saurais jamais Ă©crire...

      Autant le dire d’entrĂ©e de jeu : j’ai de la sympathie pour Juan Branco, non pas parce qu’il a Ă©tĂ© mon Ă©tudiant Ă  Sciences Po mais parce qu’il vise juste, pour Assange comme pour l’oligarchie française. Je dis bien « viser » parce que c’est cela qui semble insupportable Ă  ceux qui voudraient qu’on se contente de parler de « structure » ( effets structurels), de « systĂšme », tous discours fort nobles et savants mais qui ne permettent jamais de nommer l’ennemi. DĂ©jĂ  parvenir Ă  nommer la finance ( et non l’Europe, la mondialisation, l’individualisme ou je ne sais quoi sans parler des immigrĂ©s ou des illuminati), c’est dĂ©jĂ  un bel effort que j’avais conseillĂ© en 2003 dans mon bouquin « dĂ©boussolĂ©s de tous les pays » et en suivant Attac. Regardez tous les discours qui se dĂ©brouillent pour ne jamais mentionner la finance, et vous savez d’emblĂ©e que ce sont des discours qui organisent l’impuissance. Faiblesse de l’analyse et impasse du programme d’action.

      Dans le cas de Juan Branco, CrĂ©puscule ( que j’ai lu dans sa version en ligne) permet de cibler des personnes, c’est-Ă -dire d’arrĂȘter de jongler avec des abstractions comme l’oligarchie ou la caste, ou le 1% etc., et de donner les noms des personnes en chair et en os qui organisent cette politique de prĂ©dation massive des richesses et de confiscation du pouvoir. Mais ça , ça ne fait pas trĂšs poli, pas trĂšs convenable, parce qu’aprĂšs tout, ces gens-lĂ , dans l’entre-soi parisien, on va les cĂŽtoyer sur un plateau tĂ©lĂ©, dans une brasserie cĂ©lĂšbre et on ne peut pas leur cracher Ă  la gueule quand mĂȘme... La bonne Ă©ducation des plus critiques finit par paralyser tout le monde et surtout par empĂȘcher de nommer, de cibler. Or, il faut nommer, « name et shame » est la seule stratĂ©gie, celle qui reste aux plus faibles avant la violence directe. Et on voudrait leur enlever ça ? et on voudrait rapporter cela Ă  des paroles d’avant guerre fascisantes ? Mais la guerre est commencĂ©e, elle est mĂȘme gagnĂ©e comme disait Warren Buffett en parlant de la lutte des classes , gagnĂ©e par les ploutocrates. Mais non, en fait, elle continue. Et le levier de la rĂ©putation est essentiel, car toute l’économie financiĂšre repose sur des jeux de rĂ©putation amplifiĂ©s par le numĂ©rique qui mesure tout cela jusqu’à l’obsession. M. Feher l’a montrĂ©, on cherche tous des investisseurs, on vit tous Ă  crĂ©dit, Macron le premier, devenu le larbin de ceux qui ont investi dans sa candidature. Et si on lui « fout la honte », internationalement (avec les Champs dĂ©molis), auprĂšs de ses copains, si on met Ă  jour ces connivences, comme le fait Juan Branco, oui, sa rĂ©putation en prend un coup.

      C’est aussi ce qu’Assange a toujours fait. Mais lĂ , mĂȘme rengaine, la personne n’est pas trĂšs convenable, regardez sa « dĂ©chĂ©ance » : voilĂ  comment le libĂ©ralisme autoritaire organise le discrĂ©dit, casse la rĂ©putation et rend impossible toute solidaritĂ© traitĂ©e comme complicitĂ©, de quel crime d’ailleurs si ce n’est d’avoir sabotĂ© la rĂ©putation des menteurs et des tricheurs qui gouvernent ? Donc, oui il faut faire avec des personnes, en chair et en os, bien vifs comme dirait Damasio, qui donc ont des aspĂ©ritĂ©s, des dĂ©bordements, et ne sont pas toujours « dans la ligne » (je croyais les partis disqualifiĂ©s pour ça prĂ©cisĂ©ment), mais qui au moins osent nommer et humilier, car c’est bien but , oui, humilier la caste qui nous gouverne, lui casser sa rĂ©putation, elle qui passe son temps Ă  le faire avec les gilets jaunes que l’on traite de tous les noms.

      La bataille de la rĂ©putation est clĂ© dans notre sociĂ©tĂ© de crĂ©dit gĂ©nĂ©ralisĂ© en rĂ©seaux, il ne faudrait pas la perdre en sabotant la rĂ©putation de ceux qui sont au front contre une oligarchie qui a des noms et des visages dĂ©sormais ( au cas oĂč on l’aurait oubliĂ© !) grĂące Ă  Juan.

      Dominique Boullier