" LE TESTAMENT DE MELVILLE " Penser le bien et le mal avec Billy Budd par Olivier Rey
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Mais si, comme le pensait Simone Weil, « il est inévitable que le mal domine partout où la technique se trouve soit entièrement soit presque entièrement souveraine », on comprend qu’il soit à même de prospérer sous l’avalanche de programmes qu’on lui oppose. Finalement, peut-être l’incapacité criante des sociétés contemporaines à porter remède aux maux qui les accablent, au point qu’elles semblent devoir les subir comme une fatalité, alors même que la modernité entendait donner aux hommes la maîtrise de leur destin, trouve-t-elle sa source ultime dans la mise à l’écart de la question du mal. (...)
Un autre aspect de l’œuvre, qu’une focalisation excessive sur le débat entre un Melville « acceptant » ou « résistant » empêche d’apprécier, est sa dimension esthétique. Melville s’est qualifié lui-même d’« homme méditatif » — et, de fait, ses ouvrages sont toujours profondément médités. Il n’en reste pas moins que Melville n’a pas écrit des essais, ou des traités philosophiques, mais des nouvelles et des romans. Près de son bureau, collé sur un pan de mur dissimulé, un papier portait la phrase de Schiller : « Reste fidèle aux rêves de ta jeunesse. »